Cannes 2014 : la Palme d’or pour « Winter Sleep »


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Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan décroche la Palme d’or du 67e Festival de Cannes. « Timbuktu » du Mauritanien Abderrahmane Sissako repart bredouille.

Le jury du 67e Festival de Cannes a décerné la Palme d’Or à Winter Sleep (Sommeil d’hiver) du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan ce samedi. Comédien à la retraite et fortuné, Aydin (Haluk Bilginer) est le propriétaire d’un hôtel en Anatolie centrale. Il partage son toit avec sa jeune épouse et sa soeur récemment divorcée. Alors que la neige s’installe, son couple semble s’étioler. Les dialogues ciselés de Winter Sleep sont rendus par des acteurs exceptionnels dans un semi huis-clos qu’abrite les paysages de cette Anatolie somptueusement portée à l’écran par Nuri Bilge Ceylan. Le résulat : un oeuvre magistrale de 3h15, qui repose sur un dispositif minimaliste, mais qui tient le spectateur en halène. En 2011, le réalisateur avait remporté le Grand Prix pour Il était une fois en Anatolie.

Timbuktu du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, qui avait suscité beaucoup d’espoir, ne figure pas au palmarès. Les lauréats de cette édition 2014 dénotent la volonté du jury, présidé par la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion, de récompenser des oeuvres qui tiennent la route sur le plan de la cinématographie, du scénario, de la narration et de l’interprétation. Winter Sleep, la Palme d’Or, Le Meraviglie (Les Merveilles) d’Alice Rohrwacher, Grand Prix, Foxcather de Bennett Miller qui décroche le prix de la mise en scène, Leviathan de Andrey Zvyagintsev distingué pour le scénario co-écrit par Oleg Negin et le Mommy de Xavier Dolan, prix du jury ex-aequo, sont la parfaite illustration que ce quatuor est nécessaire à l’avènement d’une belle oeuvre cinématographique.

Le palmarès qui rappelle les fondamentaux du cinema

En faisant du film de Jean-Luc Godard, Adieu au langage, l’autre prix du jury ex-aequo, les jurés du festival ont salué l’expérience visuelle en 3D que propose l’une des figures de la Nouvelle vague. Ils rendent aussi hommage au talent de Xavier Dolan, qui laisse le spectateur à bout de souffle avec son casting et un vrai parti pris technique et artistique, en le liant à celui d’une figure marquante du cinéma. Une sorte de passage de témoin.

Quant à Julianne Moore, sa performance mérite largement son prix d’interprétation dans Maps to the stars du Canadien David Cronenberg. Elle incarne Havana Segrand, une actrice un peu névrosée qui fait tout pour obtenir un rôle que tenait déjà sa mère. Dans ce décor hollywoodien, tout frise le délire et l’ombre de la folie plane sur les protagonistes du film. Si le biopic Mr. Turner de Mike Leigh a divisé, le comédien britannique Timothy Spall (vu notamment dans un autre film de Mike Leigh, Secrets & Lies, qui a décroché la Palme d’or et le prix d’interprétation pour Brenda Blethyn en 1996 au Festival de Cannes) lui, dans la peau du peintre britannique J.M.W Turner, a fait l’unanimité dès les premières heures du festival parmi les critiques.

Le rideau est tombé sur le 67e Festival de Cannes qui marque également la fin de la présidence de Gilles Jacob qui restera à la tête de la Cinéfondation. Le palmarès de cette édition apparaît comme un bel hommage à sa vision du cinéma.

Le palmarès de la 67e édition du Festival de Cannes

LONGS MÉTRAGES

Palme d’or

WINTER SLEEP réalisé par Nuri Bilge CEYLAN

Grand Prix

LE MERAVIGLIE (Les Merveilles) réalisé par Alice ROHRWACHER

Prix de la mise en scène

Bennett MILLER pour FOXCATCHER

Prix du Jury ex-aequo

MOMMY réalisé par Xavier DOLAN

ADIEU AU LANGAGE réalisé par Jean-Luc GODARD

Prix du scenario

Andrey ZVYAGINTSEV et Oleg NEGIN pour LEVIATHAN

Prix d’interprétation féminine

Julianne MOORE dans MAPS TO THE STARS réalisé par David CRONENBERG

Prix d’interprétation masculine

Timothy SPALL dans MR. TURNER réalisé par Mike LEIGH

COURTS MÉTRAGES

Palme d’or

LEIDI réalisé par Simón MESA SOTO

Mention spéciale ex-aequo

AÏSSA réalisé par Clément TREHIN-LALANNE

JA VI ELSKER (Yes we love) réalisé par Hallvar WITZØ

UN CERTAIN REGARD

Prix Un Certain Regard

FEHÉR ISTEN de Kornél Mundruczó

Prix du Jury

TURIST de Ruben Östlund

Prix special du Certain Regard

THE SALT OF THE EARTH de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado

Prix d’ensemble

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

Prix du meilleur acteur

David GULPILIL pour CHARLIE’S COUNTRY de Rolf de Heer


CAMÉRA D’OR

PARTY GIRL réalisé par Marie AMACHOUKELI, Claire BURGER, Samuel THEIS présenté dans le cadre de la Sélection
Un Certain Regard

CINÉFONDATION

Premier Prix

SKUNK réalisé par Annie Silverstein
the University of Texas at Austin, États-Unis

Deuxième Prix

OH LUCY! réalisé par Atsuko Hirayanagi
NYU Tisch School of the Arts Asia, Singapour

Troisième Prix ex aequo

LIEVITO MADRE réalisé par Fulvio Risuleo
Centro Sperimentale di Cinematografia, Italie

THE BIGGER PICTURE réalisé par Daisy Jacobs

National Film and Televison School, Royaume-Uni

Le jury de la CST a décidé, de décerner le PRIX VULCAIN DE L’ARTISTE-TECHNICIEN à :
Dick POPE, directeur de la photographie, pour la mise en lumière des oeuvres de Turner dans le film MR. TURNER réalisé par Mike LEIGH.

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