La candidature du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, ne laisse pas indifférent le camp présidentiel, en RDC. Ce samedi, c’est Félix Tshisekedi lui-même qui s’en est pris au gynécologue. À mots à peine couverts. Une preuve de l’inquiétude du Président sortant ?
Félix Tshisekedi a déposé sa candidature, ce samedi, à la CENI. En cette occasion, le chef de l’État était bien entouré. Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ou du Sénat, militants et sympathisants, ils étaient tous à ses côtés. Ce fut pour lui l’occasion d’envoyer quelques piques à ses challengers, notamment le docteur Denis Mukwege. «Le Congo n’est pas un véhicule ou un organe du corps humain pour être réparé. Le Congo est une nation. Le Congo, c’est un peuple qui a besoin de pain et de paix. Nous travaillons à lui ramener du pain et de la paix grâce à un programme très ambitieux de transformation agricole», a déclaré le candidat de l’Union sacrée de la nation. Dans ces propos, il ne fait aucun doute que celui qui est visé n’est que «l’homme qui répare les femmes».
Félix Tshisekedi ne s’en est pas arrêté à ces propos. «Je vais mettre en garde notre population face aux candidats de l’étranger. J’ai parlé de notre ambition de devenir indépendant sur le plan économique. Cela ne plaît pas aux étrangers. Ces étrangers vont fabriquer des candidats. Ces candidats vont venir vous parler, faites très attention ! Ne craignez rien parce que vous êtes le plus fort», a encore soutenu Félix Tshisekedi. Là encore, le chef de l’État fait une allusion directe au prix Nobel de la paix dont la stature internationale n’est un secret pour personne.
Pourquoi la candidature du docteur Denis Mukwege dérange-t-elle ?
La réaction du Président Félix Tshisekedi n’a rien de surprenant lorsqu’on connaît le docteur Denis Mukwege. Gynécologue au service des femmes congolaises, depuis des décennies, l’homme a su s’attirer la sympathie de milliers de femmes victimes de violences de toutes sortes, surtout sexuelles, grâce à son œuvre à travers l’hôpital de Panzi, entre autres. Et partant, la sympathie de milliers de Congolais. Denis Mukwege a démontré, à plusieurs reprises, son attachement à son pays. Un pays pour lequel il se bat, au quotidien, depuis des années. Même au péril de sa vie. Le 25 octobre 2012, par exemple, il est victime d’une agression, à son domicile, à Bukavu, et n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention rapide des populations.
C’est donc un homme qui a fait ses preuves dans son domaine et qui bénéficie d’un important capital sympathie de la part de la population congolaise. Un capital qui pourrait lui être très utile dans le cadre de cette élection. Déjà, sa caution de candidat a été réunie par les populations qui l’ont pratiquement contraint à déposer sa candidature. Lorsqu’un homme de cette carrure et avec cette aura se lance dans la course, il est normal qu’il donne des sueurs froides dans le dos de certains candidats. Même dans le dos du Président sortant.
