Douala est certainement l’une des villes africaines qui comptent le plus de motos-taxis. Ce sont des milliers de jeunes qui se bousculent dans la circulation à bord des deux roues et la plupart sont diplômés, à l’image de notre chauffeur du jour, un nommé Éric Bertrand. Avec son BTS en poche, il n’a pas trouvé autre chose dans son pays que ce travail, comme la plupart de ses jeunes compatriotes qui exercent ce métier, avec tous les risques du monde.
Envoyé spécial au Cameroun,
Dans chaque pays d’Afrique, il y a un moyen de locomotion préféré des clients trop pressés. À Douala, les taxis-motos ont ravi la vedette aux transports en commun ou encore aux taxis. Dans la ville, il y aurait plus de 800 000 taxis-motos enregistrés, qui sont généralement conduits par des jeunes diplômés sans emploi. Notre conducteur du jour, Éric Bertrand, qui aurait un BTS, n’a pas encore trouvé mieux que de conduire ces engins à deux roues, pour subvenir aux besoins de sa petite famille.
Marié et père de plusieurs enfants, Éric Bertrand nous a conduit du centre de Douala au stade Japoma, ce lundi 10 janvier. Un voyage des plus périlleux, d’autant qu’on ignorait les risques courus sur ce trajet difficile pour les motos-taxis. Ces jeunes en quête de pain quotidien se font malheureusement souvent écraser par les gros camions, selon des témoignages. Si certains portent des gilets de sécurité, rares sont les conducteurs de moto-taxi à Douala qui se protègent avec un casque. Beaucoup ne sont pas également en règle…
« Moi, je suis en règle avec l’État camerounais, car je paye l’impôt annuellement à 16 000 FCFA. Je dispose également de la carte grise payée à 25 000 FCFA et qui est valable pour cinq ans. Je me suis aussi acquitté de mes droits d’assurance à 25 000 FCFA, montant que je paye chaque trois mois. Sans compter le permis de conduire qui m’est revenu à 24 000 FCFA. Par contre, beaucoup ne sont pas en règle et ne s’acquittent jamais de rien de tout cela. Au fond, ils sont trop nombreux les conducteurs de motos qui n’ont pas de permis », raconte-t-il.
Selon son témoignage, d’autres ne pensent même pas à s’acquitter des droits d’assurance jugés trop chers. Idem pour la carte grise dont le coût serait exorbitant. Quant à l’impôt, une sorte de patente, ils n’y pensent même pas. C’est dire les conditions dans lesquelles se trouve le transport de motos-taxis au Cameroun. Surtout, avons-nous appris, leur nombre augmente, chaque année, de façon exponentielle. Fruit d’une jeunesse en manque de formation, résolument orientée vers les petits boulots. Le constat est surtout que la plupart de ces conducteurs de taxis-motos au Cameroun ne portent pas de casque de protection.
À la question de savoir pourquoi lui-même ne porte pas de casque pour se protéger en cas d’accident, et le fait qu’il n’en dispose pas pour le client transporté, Éric Bertrand, la quarantaine révolue, a fait savoir qu’il en possède bien deux, qui sont chez lui, mais qu’ils seraient abîmés. Dire qu’au cours de notre trajet, par deux fois, nous avons failli nous faire renverser par des voitures sur ces routes tortueuses et très souvent en pente. Un véritable danger pour les motos-taxis et les personnes embarquées, moyen de transport le plus courant dans ce pays d’Afrique Centrale ou se joue la 33ème édition de la Coup d’Afrique des nations.