Les camps de réfugiés de l’Est et du Sud-Est du Tchad vont pouvoir bénéficier de l’aide humanitaire internationale, malgré les réticences du gouvernement soudanais. Les troupes françaises assureront, avec l’accord du gouvernement tchadien, un pont humanitaire vers Goz Beïda…
La situation sanitaire et alimentaire des camps de réfugiés de l’Est du Tchad se dégradait, et menaçait de tourner à la catastrophe dans les prochaines semaines, avec le déclenchement de la saison des pluies, qui allait les couper du reste du Tchad…
Course contre la montre
C’est justement dans deux camps voisins de Goz Beïda que s’était rendu il y a quelques jours Bernard Kouchner, Ministre français des Affaires étrangères, qui avait été convaincu sur place par les associations humanitaires, et notamment les responsables locaux de Médecins Sans Frontière et du Programme Alimentaire Mondial, de la nécesité de mettre en place des moyens nouveaux pour acheminer l’aide humanitaire dans cette région… Avant que la saison des pluies ne la coupe du reste du monde.
Pour gagner cette course contre la montre, le Président tchadien Idriss Deby avait accepté dès le lendemain de la visite de Bernard Kouchner la mise en place d’un pont aérien humanitaire. Restait à le mettre en oeuvre effectivement : ce sera le cas à partir d’aujourd’hui, avec l’envoi à Abéché d’un avion cargo gros porteur Transall et d’une trentaine de militaires du Génie de l’Armée de terre française qui « seront autant que nécessaire à la disposition de l’ensemble des acteurs tchadiens et internationaux pour assurer le transport de l’aide humanitaire« , ainsi que l’a immédiatement précisé le Ministre français de la Défense Hervé Morin.
Mais toujours rien en vue au Darfour
En revanche, l’hostilité manifestée par les autorités soudanaises à toute espèce d’ingérence, fût-elle humanitaire, empêchera que cette aide pénètre de l’autre côté de la frontière, là où la situation des populations déplacées ou pourchassées est au moins aussi dégradée, sans que les observateurs internationaux puissent en témoigner aussi nettement.
Khartoum a rejeté l’idée d’une conférence internationale sur le Darfour que Bernard Kouchner aurait souhaité réunir à Paris le 25 juin prochain. Et même le pont aérien militaire au Tchad, dont le but purement humanitaire ne fait aucun doute, reste accueilli avec beaucoup de réserve par le Soudan, qui craint la contagion en direction de son territoire, et la mise en place d’un « droit d’ingérence humanitaire » qui lui paraît inacceptable. Comme si un pays n’avait pas le droit de laisser mourir, s’il le souhaite, ses propres citoyens !..
Pour en savoir plus sur le contexte de la constitution des camps de réfugiés tchadiens et soudanais de la région de Goz Beïda
Photo : copyright Sonia Rolley/ RFI