Cameroun : Yaoundé fait la chasse aux chiens errants


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La Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a lancé, le 12 avril dernier, une vaste campagne d’élimination des chiens errants. L’objectif est avant tout sanitaire et sécuritaire, la plupart des animaux pouvant être porteurs de la rage et étant généralement agressifs à l’égard des passants. Georges Mahou Ngimbous, chef du service environnement et hygiène à la CUY et superviseur de l’opération, revient sur le fonctionnement de cette mesure, inédite dans au Cameroun.

Chiens abandonnés, votre dernière heure a sonné. La Communauté urbaine de Yaoundé a en effet lancé sa première campagne d’élimination des chiens errants. Depuis le 12 avril dernier, et jusqu’au 27, elle ratisse les six arrondissements de la capitale camerounaise à la recherche des animaux qui errent, seuls ou en meutes, dans les rues. Si leur propriétaire n’est pas retrouvé ou ne se manifeste pas, ils sont euthanasiés, puis incinérés à la décharge de Nkolfoulou (banlieue de Yaoundé). Une mesure destinée à prévenir toute épidémie de rage et à protéger la population contre les chiens dangereux. Précisions de Georges Mahou Ngimbous, chef du service environnement et hygiène à la CUY et superviseur de l’opération.

Afrik.com : Pourquoi la campagne d’élimination des chiens errants a-t-elle été mise en place ?

Georges Mahou Ngimbous :
Cette campagne, qui entre dans le cadre de notre lutte contre les animaux en divagation, a tout d’abord un but préventif. Ce sont les autorités qui nous ont demandé de la mener pour lutter contre la menace d’une épidémie de rage. Ce sont plusieurs cas de morsure qui se sont succédés ces derniers temps qui les ont poussées à établir un plan d’action. Elles se sont dit qu’il ne fallait pas attendre une épidémie pour agir. Par ailleurs, cette opération va nous permettre de protéger les gens contre les chiens dangereux.

Afrik.com : En quoi sont-ils dangereux ?

Georges Mahou Ngimbous :
Ceux qui se promènent seuls se couchent sur les trottoirs, sur les terre-pleins ou sous les voitures. Mais ceux qui se baladent en meute aboient au passage des gens, les agressent… Plusieurs cas de morsure ont été répertoriés, alors que ces chiens ne sont souvent pas vaccinés. Ils restent la plupart du temps près des poubelles ou des bacs à ordures pour manger, mais aboient sur les enfants ou les ménagères qui vont y jeter les déchets. Si bien que certains n’osent même plus y aller. Parfois, ils rentrent même dans les lieux publics, même dans les ministères, rentrent dans les bureaux

Afrik.com : Euthanasiez-vous tous les chiens que vous trouvez ?

Georges Mahou Ngimbous :
Non, nous ne le faisons pas systématiquement. S’ils ont un collier, c’est qu’ils ont sans doute un propriétaire. Dans ce cas-là, nous attendons qu’il vienne chercher son animal. Sinon, au bout de quelques jours, comme le prévoit la loi, nous les mettons aux enchères. S’ils ne sont pas pris, nous les éliminons. Pour les autres, abandonnés depuis longtemps, reconnaissables parce qu’ils ont des problèmes de pilosité et qu’ils sont galeux, nous les piquons.

Afrik.com : Vous dites que ces chiens sont dangereux. Comment vous y prenez-vous pour les piquer ?

Georges Mahou Ngimbous :
En plus d’un véhicule, le délégué du gouvernement chargé de faire le pont entre nous et les autorités a mis à notre disposition une équipe pour mener la campagne. On ne peut pas les capturer avec des filets à cause de leur agressivité. Le faire reviendrait à exposer le personnel (un vétérinaire du ministère de l’Elevage, des Pêches et des industries animales, un autre du jardin zoologique Mvog-Betsi et six employés de la CUY, ndlr) à un danger. Nous avons donc des fusils à seringues, fournis par le zoo, qui nous permettent de les anesthésier. Le produit met environ cinq minutes avant d’agir. Alors, pour que les animaux ne s’enfuient pas dans un fourré ou ailleurs, nous les maîtrisons au lasso en attendant qu’ils soient anesthésiés. Ensuite, nous les euthanasions, toujours avec une piqûre. Puis nous les mettons dans des sacs spéciaux, avant d’emmener leur corps à la décharge de Nkolfoulou (banlieue de Yaoundé, ndlr), où ils sont incinérés.

Afrik.com : L’équipe a-t-elle été attaquée par des chiens lors de la campagne ?

Georges Mahou Ngimbous :
Heureusement, ce n’est pas arrivé. Mais il faut dire que nous avons des spécialistes des animaux. Ils savent comment gérer la situation. L’équipe est bien protégée lors des missions, notamment avec des gants solides et des blouses.

Afrik.com : Combien de chiens avez-vous euthanasié depuis le début de la campagne ?

Georges Mahou Ngimbous :
Nous ne circulons pas tous les jours. Nous ratissons les arrondissements deux ou trois jours par semaine, mais à chaque fois nous avons cinq ou six chiens par jours.

Afrik.com : Comment les gens réagissent-ils à votre campagne ?

Georges Mahou Ngimbous :
La population adhère. Elle nous félicite pour ce que nous faisons. Des gens nous appellent même pour nous dire qu’il y a à tel endroit un chien qui cause des problèmes.

Afrik.com : Avez-vous eu un retour négatif des associations de défense des animaux ?

Georges Mahou Ngimbous :
Non, pas encore. Mais peut-être que cela va arriver. En tout cas, l’association qui travaille à côté du jardin zoologique Mvog-Betsi nous a aidé à préparer la campagne, parce qu’elle vise à lutter contre une menace de rage et que nous n’éliminons que les chiens dangereux.

Afrik.com : Une autre campagne de ce type est-elle prévue ?

Georges Mahou Ngimbous :
Elle doit en principe s’arrêter le 27 avril. Mais s’il s’avère qu’à cette date il reste encore beaucoup de chiens, les autorités décideront peut-être de prolonger la campagne.

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