Depuis le début du mois de février, les Camerounaises peuvent acheter le nouveau pagne pour la Journée internationale de la femme. Le journal Le Messager explique que les femmes font des heures de queue pour l’avoir, mais repartent parfois dépitées pour cause de rupture de stock. Impossible, d’après la Cotonnière industrielle du Cameroun, producteur et distributeur exclusif, qui souligne que les boutiques et fournisseurs officiels reçoivent suffisamment de pièces de tissu.
Comment se porte le pagne de la Journée internationale de la femme du 8 mars prochain ? Apparemment bien et peut-être même trop. Les Camerounaises peuvent se le procurer depuis le début du mois de février dans tout le pays, soit deux semaines plus tôt que les années précédentes. Et l’engouement semble être au rendez-vous pour les deux modèles, sur fond bleu ou beige, où les corps de métier sont représentés dans des médaillons et où apparaissent des slogans du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille et des Nations Unies. La Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), producteur et distributeur exclusif, et Le Messager sont d’accord sur ce point. En revanche, ils s’opposent sur l’approvisionnement en pagnes. La Cicam assure qu’il n’y a aucune rupture de stock dans ses « 78 points de vente », alors que le quotidien camerounais assure que certaines clientes repartent les bras ballants, après des heures de queue, faute d’approvisionnement suffisant.
Pagne moins cher et plus accessible
Pour cette édition de la Journée internationale de la femme, le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille a décidé de faire fort. Bomback Suzanne, ministre rattaché à cette administration, a déclaré, pour éviter une surenchère des prix, que seule la Cicam produirait et vendrait les pagnes. « Le prix est fixé à 5 700 FCFA par pagne, ce qui fait 290 FCFA de moins que l’an dernier, indique une source du ministère. L’objectif était de faciliter l’achat de ce pagne. Car la Journée internationale de la femme compte beaucoup pour que les Camerounaises. Par ailleurs, cette année, nous avons une nouveauté : le foulard assorti au pagne, qui vaut 1 200 FCFA. »
La Cicam s’est de son côté attachée à multiplier les points de vente. « Auparavant, nos points de ventes étaient placés dans chacune des dix provinces et dans les départements. Sans compter les commerçants qui vendent nos pagnes sur le marché. Cette année, nous avons décidé de commencer la production plus tôt pour que les femmes aient le temps d’acheter leur pagne. Et pour qu’elles puissent le faire plus facilement, nous avons mis en place des représentants dans la quarantaine de districts du pays. Cette initiative nous rapproche en effet des localités, et donc des consommatrices. L’avantage est aussi que nous évitons ainsi la pénurie, et par conséquent la hausse des prix », souligne Nicolas Njoh, responsable du réseau de distribution de la Cicam.
« 2 000 pagnes et 200 foulards vendus »
Les efforts des autorités et de la Cicam semblent avoir payé. Les Camerounaises se pressent, selon notre source au ministère de la Femme et de la Famille, pour se procurer le précieux tissu. « Jusqu’à présent, nous avons vendu environ 2 000 pagnes et près de 200 foulards », ajoute Jean-Paul Denier, directeur commercial de la Cicam. Nicolas Njoh estime que les 2 000 pagnes représentent environ « 15% des prévisions de vente », soit plus de 13 000 pièces.
Les affaires marchent tant et si bien que, lundi dernier, « peu après 13 heures, le stock était totalement épuisé dans les deux boutiques Cicam textile situées à l’Avenue Kennedy, où les femmes par centaines, se sont bousculées toute la matinée », rapporte Le Messager. Le journal cite par ailleurs une cliente, qui, depuis trois jours, n’a pas pu acheter de pagne. Les boutiquiers auraient donc été pris au dépourvu par le succès du « pagne du 8 mars », dont la couleur bleue ou beige est plus ou moins prisée selon la région du pays.
Mais la Cicam dément les informations délivrées par le journal. « Il y a peut-être des retards de livraison, mais toutes nos boutiques et représentants sont bien fournis. Dès que les stocks comment à finir, les responsables des boutiques et les représentants locaux, provinciaux et départementaux s’approvisionnent de nouveaux. Ils reviennent en moyenne tous les trois ou quatre jours, ce qui signifie qu’ils ne sont pas pris d’assaut tous les jours ».
Mesures prévues contre la spéculation
En dépit de la mesure d’exclusivité de vente décidée par le gouvernement, une certaine spéculation a lieu dans le pays. Ainsi, la cliente malheureuse interrogée par Le Messager explique que la ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille « aurait dû ordonner aussi qu’on ne vende pas deux pagnes à une seule personne. Il y a des gens qui achètent à eux seuls des quantités importantes alors que nous sommes en attente. Ils revendront le moment venu plus cher ». Et de se plaindre que celles qui n’auront pas pu avoir de pagne devront subir une importante hausse. Nicolas Njoh témoigne qu’avant l’arrivée des camions de ravitaillement, dans la région de Yakadouma (dans la province de l’Est), il a « vu que des pagnes se vendaient à 15 000 FCFA », ce qui ne devrait plus avoir cours avec le nouveau système de distribution.
Pour contrecarrer cette tendance, Nicolas Njoh explique qu’un système de contrôle de la vente est en place. « Nous avons décidé que chaque personne ne pourra pas avoir plus de deux ou trois pagnes », annonce le responsable du réseau de distribution de la Cicam. Jean-Paul Denier ajoute, pour sa part, que concernant le respect du prix sur les différents points de vente, « les commerçants qui vendent le pagne au marché sont tenus de respecter le prix fixé par le ministère (de la Promotion de la Femme et de la Famille, ndlr) car ils ont bénéficié d’une remise justement dans ce but. Nous n’avons aucune certitude qu’ils le feront vraiment, mais des agents doivent effectuer un contrôle du prix ».
Pour ce qui est de la contrefaçon, Nicolas Njoh assure que « pour le moment il n’y a rien de contrefait. Dans chaque province, des agents sont chargés de surveiller la conformité des pagnes. Les contrefaçons sont de toute façon très facilement reconnaissables car certains défauts ne trompent pas, comme la qualité du tissu ou le décadrage au niveau du logo ». Pour son collègue Jean-Paul Denier, il n’y aura pas de contrefaçon. « En un mois, il est pratiquement impossible que les Chinois, qui contrefont beaucoup, puissent reproduire le modèle et le revendre. D’ailleurs, rien que pour acheminer la marchandise de Chine par bateau, il faut entre un mois et six semaines », précise le directeur commercial de la Cicam. Les pagnes made in Cicam semblent donc épargnés de tout danger.