Les passagers qui atterrissent au Cameroun par l’aéroport de Douala courent le risque de se voir détourner leurs bagages par des délinquants couverts par la police et la douane.
(De notre correspondant)
Après un long séjour en Allemagne, le sourire que nous affichions à notre descente de l’avion n’aura duré que quelques instants. Après les contrôles d’usage, nous rentrons dans le grand hall de l’aéroport de Douala afin de récupérer nos bagages. A bonne distance, notre famille venue en masse nous accueillir, tapie en dehors de cette salle, crie à rompre le tympan. Une seule chose nous traverse l’esprit. Récupérer très vite nos deux valises et retrouver notre famille pour faire la fête.
Notre frère aîné, qui a réussi à rentrer dans ce hall après avoir soudoyé des policiers en faction, a pris attache avec un jeune homme habitué du lieu. Au premier abord, ce dernier nous questionne sur le contenu de nos différentes valises et promet de nous faire passer la douane sans débourser le moindre frais. « Tu me laisses gérer tout le dossier. Ces policiers et douaniers sont nos complices et je leur dirai que tu es mon frère. Il suffit de m’indiquer tes sacs au fur et à mesure que tu les repères », rassure notre interlocuteur.
Des deux valises attendues, une apparaît au bout de quelques minutes sur le tapis. Trente minutes plus tard, toujours pas l’ombre de la deuxième, de couleur verte et pourtant remplie de nombreux présents pour la famille et les amis. L’impatience monte. La colère gronde. C’est alors que notre guide de circonstance tempère, nous conseillant de garder notre calme. « Il arrive souvent que des bagages soient oubliés, et que le lendemain, ils soient convoyés par la compagnie aérienne à leurs propriétaires, venez avec moi », nous dit-il en nous entraînant vers le bureau des réclamations des bagages non-retrouvés.
Vol organisé
Ce guide de circonstance avait tout juste récupéré notre talon de bagage que nous décidions d’aller passer une fois encore en revue les bagages non récupérés. Et c’est bien à ce moment-là que nous apercevons un sac vert, qui ressemblait au nôtre, encastré entre d’autres sacs et transporté par un individu qui s’apprêtait à sortir de la salle. Nous nous approchons et constatons qu’il s’agit bien du nôtre. Nos cris ne vont nullement émouvoir les policiers et les douaniers pourtant présents et témoins de la scène. Une dame, la cinquantaine, dépassée va s’approcher et nous prier de lâcher le bonhomme resté imperturbable. « C’est mon fils, comme vous voyez, il vient d’être rapatrié d’Europe et ne contrôle plus ses actes. Il s’est sûrement trompé de valise », me convainc-elle.
Nous constatons alors que notre valise ne portait plus aucun signe permettant de l’identifier et nous posons alors la question de savoir comment l’infortuné aurait pu traverser la barrière de la douane et de la police. Un témoin de la scène et habitué de ce lieu nous donnera la réponse : « Dites merci à Dieu pour avoir retrouvé votre valise. Il s’agit d’une chaîne bien organisée avec dans le coup, la police et la douane. Même le garçon qui vous assistait est complice. Vous diriger vers le bureau de réclamation était une astuce pour vous éloigner du portail afin de permettre à son complice de se tirer avec votre valise », confie le Monsieur.
Une semaine plus tard, nous décidions de faire un tour à l’aéroport. Belle surprise. La même équipe de voleurs de bagages est encore là et échange avec policiers et douaniers, en attendant de frapper un autre coup. Nous avions ainsi eu beaucoup de chance. Beaucoup ne peuvent pas sûrement pas en dire autant.