« Justice réparatrice : une alternative pour décongestionner nos prisons ». C’est le thème qui a servi de fil conducteur au séminaire organisé par la structure sociale V.O.P.S (Victim Offender Prison Care Support) le 5 mai 2017 à la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Douala.
Cette séance de travail qui a réuni près d’une centaine de participants composés des magistrats, des OPJ (Officiers de Police Judiciaire), des avocats, des agents de l’administration pénitentiaire et des membres de la société civile, était articulée autour de trois (03) sous thèmes à savoir : le respect des droits des détenus ; la justice réparatrice et prise en compte de la dimension humaine dans l’enquête préliminaire.
Le Rév. Père Bernard Didier Ntamak Songue, dans son intervention, révèle que la justice réparatrice est une notion reprise constamment par les associations et les fraternités en charge des prisons. Celles-ci proposent et revendiquent les réformes de justice réparatrice dans le système judiciaire et carcéral. Dans un premier temps, il s’agit d’insister sur la compréhension du délit comme un dommage et non un crime infligé aux gens, aux relations et aux communautés. Dans un second temps, il s’agit de veiller non pas seulement à infliger une peine à l’offenseur, mais à se concentrer sur la réparation du mal causé par le délit et donner à ceux affectés par le délit l’opportunité de déterminer quelle sera la réparation et/ou de veiller à guérir le mal chez l’offenseur.
En bref, il s’agit d’appliquer le principe de résolution des conflits dans toute sa largeur par la réconciliation et la conciliation c’est-à-dire à amener la victime et l’offenseur à se réconcilier avec eux-mêmes et entre eux. C’est à ce niveau que l’apport de la notion de justice dans la religion chrétienne peut être d’un grand apport.
Du point de vue biblique et religieux, la question de la Justice Réparatrice est très présente dans la bible et a suscité beaucoup de débats au cours de la longue histoire du christianisme. Le peuple de Dieu vivant en communauté s’est heurté continuellement aux questions de justice avec une grande tendance à une forme de justice réparatrice.
La justice de Dieu consiste non pas à rendre à chacun selon ce qu’il a fait, mais d’abord, dans une grande partie de l’ancien testament, à la fidélité de Dieu pour son peuple (Juges 5 :11 et 1Sam.12 :7-15). Il s’agit pour lui malgré les offenses et le péché du peuple (la désobéissance ou la transgression de la loi), de le restaurer et de travailler à sa conversion en restant fidèle à la promesse faite à Abraham. Dans le nouveau testament, cette justice de Dieu se manifeste dans le respect des commandements de l’amour qui flirtent toujours avec les notions de pardon, de réconciliation, de miséricorde et de guérison 2P1.1 ; 1Jn1,9 ; Rm1.17 et Luc 15 ; Luc 23. 40-43 ; Mt5.44 ; Jn8.1-11).
Et pour conclure, le Rév. Père Bernard Didier Ntamak Songue a souligné la pensée de Saint Thomas d’Aquin, un dominicain comme lui, que l’on appelle le docteur angélique parce que son enseignement continue de faire autorité dans l’Eglise. Il affirme en effet concernant la justice de Dieu : « La véritable justice est celle qui est colorée de charité et celle qui est en vue du relèvement de l’homme devenu violent ou désobéissant ».
La tradition est une fois de plus respectée, car chaque année V.O.P.S organise un séminaire impliquant tous les acteurs de la chaîne judiciaire autour des réflexions concernant les droits des détenus et les circonstances conduisant à leur incarcération.
Il n’est pas superflu de rappeler que V.O.P.S (Victim Offender Prison Care Support) est une structure Camerounaise à vocation socioreligieuse qui offre une assistance aux personnes affectées par le crime à savoir : l’offenseur, la victime et la communauté. V.O.P.S est classé Œuvre Sociale Privée par le Ministère des Affaires Sociales par autorisation N° :2014/AS/027/A/MINAS/8G/DPSE/SDPDE/SACIPEE du 25 mars 2014.
Fondé en 2003 par la congrégation des sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Cameroun, V.O.P.S compte à ce jour 46 employés à temps plein. Il se fonde sur une approche holistique qui intègre les aspects : spirituel, biologique et psychologique pour servir les personnes impliquées et affectées par le crime.