Herve Nzouabet, le president de l’Association pour la Défense des droits des Etudiants du Cameroun, ainsi que trois de ses camarades, Denis Atangana, Souleymane Ndjonkouo et Barthelemy Tchaleu arrêtés le 29 juin ont été condamnés à un an de prison avec sursis par le tribunal de Mfou.
(De notre correspondant)
Ils sont repartis libres du tribunal, et pourtant ils ont été condamnés. Hervé Nzouabet, étudiant à l’Ecole Nationale Superieure des Postes et Télécommunications, président de l’Association pour la Défense des droits des Etudiants du Cameroun (Addec) et trois de ses camarades (Denis Atangana, Souleymane Ndjonkouo et Barthélemy Tchaleu) arrêtés par la police le 29 juin, écopent d’un an d’emprisonnement avec sursis sur une période de trois ans et 26 000 FCFA (40 euros) de dépends. Le verdict a été prononcé par le tribunal de Mfou. Il leur est reproché d’avoir organisé une manifestation non-autorisée au nom du Collectif « Sauvons l’université de Yaounde II », le 29 juin 2012. Les quatre leaders estudiantins avaient été arrêtés par les forces de l’ordre, emprisonnés à Mfou pendant deux jours. De sources judiciaires, cette condamnation signifie tout simplement que les mis en cause seront privés de libertés s’ils commettent encore la moindre infraction sur une période de trois ans.
Une affaire qui suscite la polémique
Après le premier procès organisé le 3 juillet, de nombreuses voix s’étaient faites entendre pour réclamer la libération des accusés. Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, le président de la commission indépendante contre la corruption et les discriminations (Comicodi) dénonçait cette situation. « Il y a de cela quelques jours, le contrôle supérieur de l’Etat, a rendu public, les conclusions d’une mission de vérification des comptes qui a mis gravement en cause, Monsieur le recteur de l’université de Yaoundé II parmi tant d’autres personnalités. Réagissant à cette situation jugée infamante pour la crédibilité de l’institution dans laquelle il a choisi de se former aux métiers du droit, l’étudiant Denis Atangana a pris la tête d’un comité constitué de plusieurs camarades, pour demander la démission du recteur. Cette audace lui vaut aujourd’hui de subir, on ne sait trop où et dans quelles conditions, la torture. Il a disparu de la circulation. C’est très grave », disait alors la lettre.
Les quatre étudiants qui comparaissent libres ont été interpellés le 29 juin 2012. Denis Atangana, président du collectif « Sauvons notre université » entendait conduire une manifestation pour réclamer la démission de Jean Tabi Manga, l’ex-recteur de l’Université de Yaoundé II, condamné pour des fautes de gestion budgétaire par le Contrôle supérieur de l’Etat. Nzouabet Hervé, Tchaleu Ndemanga Barthélemy, Njouonkou Soulemanou, tous des responsables de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec), ont été pris alors qu’ils venaient s’enquérir du sort de leur camarade porté disparu. Le ministère public a exigé la condamnation des prévenus. Selon le nouveau code de procédure pénale, ils s’exposaient a une peine allant de 15 jours à 6 mois d’emprisonnement et une amende de 5 000 à 100 000 FCFA. Malgré les arrestations arbitraires et les tortures, l’Addec, principal syndicat des étudiants camerounais continue de réclamer de meilleures conditions de vie pour les étudiants et à lutter contre la corruption en milieu universitaire.
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