À l’approche d’une présidentielle sous tension, le Cameroun voit ses relations avec l’Église catholique mises à l’épreuve. Entre critiques des évêques et volonté de dialogue affichée par le gouvernement, la rencontre entre Paul Atanga Nji et le nonce apostolique dévoile les enjeux politiques et religieux d’une année électorale déterminante.
Au Cameroun, la rencontre du 8 janvier 2025 entre le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, et le nonce apostolique, Monseigneur José Avelino Bettencourt, suscitent de vives réactions. Alors que des figures de l’Église catholique critiquent ouvertement le pouvoir en place, le gouvernement s’efforce de désamorcer les tensions, à l’approche d’une présidentielle sous haute surveillance.
Des relations « excellentes » affichées entre Yaoundé et le Vatican
Lors de cette rencontre officielle, Paul Atanga Nji a insisté sur l’excellence des relations entre le Cameroun et le Saint-Siège. Il a rappelé les visites historiques des papes Jean-Paul II et Benoît XVI. De son côté, Monseigneur Bettencourt a évoqué la célébration des dix ans de l’accord-cadre entre les deux États. Celle-ci marque une coopération durable et pacifique.
Cependant, derrière cette cordialité affichée, l’actualité récente révèle un climat plus tendu. Le gouvernement diplomatique cherche à préserver cette image de stabilité. Il tente de contenir les critiques internes de l’Église catholique.
Des critiques de l’Église qui dérangent le pouvoir
Les déclarations de certains évêques camerounais ces dernières semaines ont provoqué une onde de choc. L’archevêque de Douala a qualifié de « pas réaliste » une éventuelle candidature de Paul Biya pour un huitième mandat. D’autres hommes d’Église ont dénoncé les souffrances des Camerounais et les répressions contre les voix dissidentes.
Ces prises de position interviennent dans un contexte où l’Église catholique, influente au Cameroun, joue un rôle central dans la vie sociale et politique. Cette année électorale amplifie les tensions, et le pouvoir semble déterminé à éviter toute fronde religieuse.
Un gouvernement en quête de sérénité
Pour calmer les esprits, le ministre de la Communication, René-Emmanuel Sadi, a publié un communiqué dans lequel il affirme qu’aucun conflit n’existe entre le gouvernement et les confessions religieuses. Paul Atanga Nji a également appelé à la paix et insisté sur la nécessité de préserver l’unité nationale.
Toutefois, des voix de l’opposition et de la société civile émettent des doutes sur ces affirmations. Certains considèrent que le gouvernement cherche à minimiser l’impact des critiques de l’Église, ce qui pourrait alimenter un climat de contestation à l’approche de l’élection présidentielle.
Une déclaration des évêques très attendue
Le 11 janvier, une déclaration des évêques camerounais est attendue à l’issue de leur 48ᵉ séminaire à Buea. Les observateurs anticipent une prise de position importante, qui pourrait soit apaiser les tensions, soit renforcer les critiques envers le pouvoir en place.
Dans un pays où la religion et la politique sont étroitement liées, cette année électorale s’annonce sous haute tension. Si le gouvernement affiche une façade de sérénité, les déclarations à venir pourraient redistribuer les cartes dans un contexte déjà fragile.