L’année 2013 a vu la mise sur pied du Sénat, Chambre haute du Parlement dont le président est censé assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir. Cette création du Sénat a été suivie quelques mois plus tard de l’élection des députés et des maires, dont le mandat était épuisé depuis juillet 2012. Des changements qui ne suscitent toutefois que de minces espoirs pour les partisans du changement.
2013 restera dans l’histoire politique du Cameroun. C’est au cours de cette dernière année que le Sénat, chambre haute du parlement camerounais créée par la Constitution de 1996, a été mis sur pied. Annoncé avec faste dans le traditionnel discours de fin d’année du chef de l’Etat le 31 décembre 2012, c’est le 14 avril 2013 que les visages des premiers sénateurs du Cameroun sont connus. En l’absence des conseillers régionaux, seuls les conseillers municipaux constituent le collège électoral. Sans surprise, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, recueille les ¾ des élus. A l’issue des élections, le RDPC obtient donc 56 sénateurs sur les 70 sièges en lice. A ces 56 élus, le Président Paul Biya nommera, conformément à la loi, 30 autres sénateurs issus de son parti qui viendront compléter l’effectif pour atteindre les 86 sénateurs du RDPC .
Le Social Democratic Front (SDF), parti du principal opposant John Fru Ndi, profite de l’élimination des listes du RDPC dans l’Adamaoua et à l’Ouest, pour obtenir 14 sénateurs. Une fois l’équipe connue, les débats font rage sur l’identité de celui qui sera porté au perchoir de la chambre haute et deviendra par ricochet le numéro 2 du Cameroun, derrière Paul Biya. Les noms de Peter Mafany Musonge, ancien Premier ministre, resté influant au sein du RDPC, et d’Ibrahim Mbombo Njoya, tout puissant chef traditionnel du peuple bamoun et très proche du Président Biya, ressortent comme les potentiels présidents du Sénat. Fidèle à son image de sphinx, le Président camerounais décide de confier le Sénat à un candidat ressortissant de la région de l’ouest, quelque peu oublié depuis son départ de la société camerounaise d’électricité (SONEL, devenu Aes SONEL, ndlr), Nyat NJifendi, 79 ans.
Originaire du département du Ndé , région de l’ouest, ce sénateur nommé du RDPC est élu en juin par ses camarades au perchoir de la chambre haute. C’est donc lui qui sera désormais le numéro 2 du pays, mettant ainsi en troisième plan Cavayé Yégué Djibril, l’inamovible président de l’Assemblée nationale.
Assemblée nationale… Et vint le MRC
Le 30 septembre 2013, Elections Cameroun (Elecam) a organisé les élections législatives et municipales. S’agissant des élections législatives, bien qu’il n’y ait pas eu de changement notoire, elles ont toutefois permis de remettre sur orbite quelques formations politiques qui effectuent leur retour et d’en voir naître d’autres qui font leur rentrée au sein du parlement avec l’intention bien que mesurée de se faire entendre.
A l’issue de celles-ci, le Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais totalise 148 sièges, contre 152 lors du précédent mandat, le SDF se maintient en deuxième position avec 18 députés, l’Union des Peuples du Cameroun (UPC) refait son entrée au parlement avec 3 députés, 4 pour l’Union Démocratique du Cameroun (UDC). L’UNDP totalise 5 députés et le MDR un seul. La grande surprise vient du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti d’opposition créé par le transfuge du RDPC, Maurice Kamto, qui avec moins d’un an d’existence lors des élections, remporte 1 siège. Pour de nombreux observateurs, « ce parti représente une alternative crédible au pouvoir de Paul Biya ».
Une fois la chambre basse mise en place, on assiste pour la 21ème année consécutive à l’élection de Cavayé Yéguié Djibril au poste de Président de l’Assemblée Nationale. Toutefois, l’opinion nationale attend un remaniement ministériel où l’on pourrait assister à l’entrée au gouvernement de ministres issus des rangs de l’opposition.