Lors de son voyage au Cameroun en mars 2009, le Pape Benoît XVI avait cité en exemple un grand prêtre de ce pays : le père Simon Mpeke, que les fidèles camerounais appelaient affectueusement « Baba Simon » (papa Simon).
MPEKE est né à l’aube du 20ème siècle à Batombé (Edéa) au Cameroun, de parents cultivateurs non chrétiens, Yomba et Iniyem Ngo Epouhe. En 1914, alors qu’il fréquente l’école tenue par les Pallotins Allemands, il demande le baptême. Son vœu sera exaucé le 14 Août 1918 après la première guerre mondiale, par les Spiritains Français à Edéa. Il reçoit alors le nom de Simon.
Il exerce le métier d’instituteur dans des écoles de brousse puis à la mission centrale d’Edéa. C’est là, en 1921, qu’il exprimera son désir de devenir prêtre. Il rompt ses fiançailles avec la jeune fille qui lui était promise et se met à l’étude du latin avec un petit groupe d’amis.
En août 1924, il intègre le petit séminaire de Yaoundé qui a ouvert ses portes en Juillet 1923. Il laisse le souvenir d’un excellent séminariste, sérieux, très pieux et pacifiant. Il sera alors profondément marqué par l’exemple et la vie de Mgr François-Xavier Vogt. Il fait partie, le 08 Décembre 1935, des 8 premiers Camerounais ordonnés prêtres à Yaoundé et Douala.
Habité, dès le séminaire, par le goût de la contemplation, il avait formé le projet avec quelques confrères, d’une congrégation active et contemplative. En 1936 il est nommé vicaire à la mission de Ngovayang où, par son engagement au côté du Père Sohler, il laissera le souvenir d’un prêtre très zélé, très surnaturel, qui fait merveille et se dépense sans compter.
Marqué par la théologie de son époque il prend alors position très fortement contre les pratiques des religions traditionnelles de la région. Nommé en 1947 à la grande paroisse de New-Bell à Douala, il en deviendra le curé au bout d’un an. Il donnera son essor à la paroisse en développant les congrégations et confréries diverses, en soutenant les mouvements d’Action Catholique et les écoles et en étant d’une disponibilité et d’une générosité totale pour ses ouailles.
L’installation des fraternités de Petits Frères et de Petites Sœurs de Jésus dans sa paroisse et ses rencontres avec René Voilaume, le rapprochent de la spiritualité de Charles de Foucauld. En 1953 il intègre l’institut séculier des Frères de Jésus et part pour un an faire son noviciat en Algérie. Il sera l’un des fondateurs au niveau international de l’Union Sacerdotale Jésus-Caritas et son premier responsable au Cameroun et dans cette région d’Afrique.
Prêtre très aimé et très influent, il fut même proposé, avec deux autres, au poste d’auxiliaire de son Evêque. Vers 1954, il ressent un appel à participer à l’évangélisation des populations Kirdi du Nord-Cameroun. Après avoir mûrement réfléchi et, porté par le dynamisme missionnaire de l’Encyclique « FideiDonum », il deviendra, en 1959, le premier prêtre séculier Camerounais missionnaire dans son propre pays. Après un très bref séjour à Mayo-Ouldémé, auprès des Frères de Jésus, il s’installe à Tokombéré, dans l’actuel diocèse de Maroua-Mokolo.
Vivant pour lui-même dans un total dénuement, le « missionnaire aux pieds nus » passera sa vie à lutter contre la misère « ennemie de l’homme ». Sa vie de prière intense et son sourire devenu légendaire en faisait un témoin lumineux de l’amour de Dieu.
Par l’école, les structures sanitaires, l’engagement contre l’injustice, l’encadrement des jeunes et l’appel à la fraternité universelle, il a permis une réelle promotion des populations Kirdi. Son souci du dialogue permanent avec les responsables des religions traditionnelles en a fait un précurseur prophétique du dialogue interreligieux remis à l’honneur par Vatican II et lui a mérité le surnom sous lequel il est encore vénéré 25 ans après sa mort tant par les chrétiens que les non chrétiens : « Baba Simon » (Papa Simon).
C’est le 13 Août 1975 qu’il s’éteint, épuisé, au terme d’une vie entièrement consacrée à Dieu et aux hommes. Son procès en béatification est en cours. Beaucoup d’Africains veulent suivre son exemple, mais souvent la pauvreté fait obstacle, quand elle n’obstrue pas le chemin de ceux qui veulent devenir prêtres.