Cameroun : pourquoi le gouvernement opte-t-il pour le péage routier automatique ?


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Cameroun péage autoroute

Dans un communiqué daté du 24 avril 2019, le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, désignait le groupement Razel BEC – EGIS Projects SA comme étant adjudicataire du « contrat de partenariat pour la conception, le financement, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance de 14 postes de péages automatiques sur certaines routes bitumées du réseau routier camerounais ».

« Dans le cadre du projet d’automatisation des stations de péage routier au Cameroun, des tests en environnement réel de la solution de Campost pour la sécurisation des recettes du péage routier s’effectueront, du mardi 3 au jeudi 19 mars 2020, au poste de péage d’Awae (Nationale Numéro 10.). C’est la quintessence du communiqué rendu public par le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, à l’endroit des usagers de l’axe Yaoundé-Bertoua, en général, et des organisations socioprofessionnelles du transport routier, en particulier. Ce communiqué venait ainsi entériner celui du Premier ministre.

En effet, c’est depuis 2009 que le Cameroun avait décidé de se doter de 14 péages routiers automatiques. Et ce n’est que le 10 décembre 2020, que la cérémonie de pose de la première pierre a eu lieu à Mbankomo, près de Yaoundé. Ces 14 postes de péage automatique à construire et les itinéraires des routes sont les suivants: Nsimalen (Yaoundé-Mbalmayo); Mbankomo (Yaoundé-Mbankomo); Tiko (Douala-Mutenguene); Edea (Douala-Edea); Boumnyebel (Edea-Boumnyebel); Nkometou (Yaoundé-Obala); Bayangam (Bangangte-Bafoussam); Bafia (Obala-Bafia); Mbanga (Douala-Mbanga); Manjo (Mbanga-Manjo); Banja (Bafang-Bafoussam); Matazem (Bafoussam-Bamenda); Foumbot (Bafoussam-Foumbot) et Dschang (Dschang-Bamougoum).

En raison de la rareté des ressources financières pendant la période de la forte crise économique que le Cameroun a connu dans les années 90, le réseau routier s’est considérablement dégradé. Pour réhabiliter, préserver et entretenir ce patrimoine si important et onéreux, l’Etat a dû avec ses partenaires dégager d’énormes moyens en exigeant en retour des performances et des résultats aux administrations impliquées dans la gestion du patrimoine routier national.

Selon la loi du 07 avril 1996 portant protection du patrimoine routier national, le péage constitue l’une des taxes parmi tant d’autres du secteur routier. Il y a, entre autres, le pesage routier, la taxe à l’essieu, la redevance d’usage de la route, les pénalités et amendes administratives issues de la lutte contre les fraudes dans ce secteur. Plusieurs administrations sont ainsi impliquées dans le suivi fiscal et la sécurisation des recettes générées par l’usage de la route (Impôt, Douanes, Cisopr, Cisop, etc.).

Selon cette loi, le circuit qu’empruntent les ressources du péage est clair : les péagistes collectent sur le terrain et périodiquement le chef de poste reverse l’argent collecté à la perception la plus proche, contre quittance. Ces recettes sont déposées dans le compte du Fonds routier logé à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) par l’entremise de l’Agence comptable centrale du Trésor (ACCT). Elles sont destinées au guichet « entretien » du Fonds routier servant à entretenir, annuellement, un réseau prioritaire d’environ 50 000 kilomètres.

Les ressources du Fonds routier sont réparties entre deux guichets. Un guichet « entretien » relatif à l’entretien courant et périodique du réseau prioritaire urbain, interurbain et rural, l’entretien des voiries urbaines prioritaires. Et un guichet « investissement » relatif à la réhabilitation des routes, au renforcement de la chaussée, à l’amélioration ou à la modernisation d’un itinéraire.

En outre, la mission du Fonds routier consiste en la mobilisation et la sécurisation des ressources qui sont par la suite mis à la disposition des ordonnateurs pour le paiement des travaux routiers. Dans ce registre et au rang des ordonnateurs figurent le ministre des Travaux publics (MINTP), le ministre de l’Urbanisme et du Développement urbain (MINHDU) et le ministre des Transports (MINTRANS).

Malgré toutes ces batteries de mesures prises, l’état piteux de certains axes routiers observé suscite pas mal d’interrogations et pousse le citoyen lambda à se poser les questions suivantes : « Mais où part cette très importante manne financière? » « Chaque jour on donne 500 FCFA à chaque poste de péage, ça sert même à quoi ? ».

Et les données collectées auprès du ministère des Finances montrent qu’au premier semestre 2020, les recettes issues des péages routiers au Cameroun se chiffrent à 3,77 milliards de FCFA, soit un taux de couverture de 46,4%.

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