C’est un grand geste d’apaisement que le président camerounais a fait le jeudi 13 décembre 2018 dans la crise que traverse une partie de son pays, notamment les deux régions dites anglophones.
Dans un communiqué rendu public le 13 décembre, le secrétaire général à la présidence de la République (SG-PR), Ferdinand Ngoh Ngoh, informe que le chef de l’Etat, Paul Biya, a décidé «de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre un certain nombre de personnes arrêtées, pour délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest». Quelques retards administratifs ont cependant légèrement décalé les libérations.
L’on apprend en lisant le document, que 289 détenus sont concernés par cette décision qui sera mise en œuvre à la diligence du ministre en charge de la Défense. Le SG-PR souligne : « intervenant après la création du Comité de désarmement, de démobilisation et de réintégration, cette décision du chef de l’Etat procède de sa volonté de permettre à ceux de nos jeunes compatriotes de ces deux régions désireux de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin de pouvoir de nouveau participer à la grande œuvre de construction nationale ».
Pour Ferdinand Ngoh Ngoh, le président Biya réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte les régions anglophones du pays depuis octobre 2016.
À la suite du communiqué de la présidence de la République, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a publié un communiqué selon lequel, les personnes bénéficiaires de cette clémence du chef de l’Etat, seront immédiatement remises en liberté à l’issue des audiences publiques des différents tribunaux militaires concernés qui se sont tenues hier vendredi 14 décembre 2018. M. Beti Assomo précise que cette mesure concerne uniquement les personnes dont l’examen approfondi des dossiers pendants devant les juridictions militaires et les dossiers d’enquêtes en cours, ont fait ressortir à leur encontre, des charges d’une amplitude de gravité relative.
« Elle [cette mesure présidentielle] ne concerne donc pas les criminels, assassins et autres dangereux terroristes, ainsi que les commanditaires et planificateurs de la pernicieuse crise sécuritaire en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; la Justice poursuit sereinement son cours pour le cas de ces derniers.», fait observer le ministre de la Défense.
Ce communiqué intervient plusieurs jours après la création du Comité National de Désarmement et de Réintégration des ex-combattants qui accepteraient de déposer les armes, deux ans après le début d’une crise qui a fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés, tant internes qu’externes.