Cameroun : « Nous devons prôner l’amour et le respect de la vie humaine au sein de nos familles


Lecture 4 min.
Madame Eléonore Makam
Madame Eléonore Makam

Madame Eléonore Makam, de nationalité Camerounaise, cadre de développement, épouse, mère et responsable de l’Association Mother’s Love, prône au quotidien l’amour, le dialogue et la paix. A l’issue de la 4è édition de Sweet Mummy Party qui vient de ranger ses copies, à cœur ouvert, elle se confie à Afrik.com.

Qui est Madame Eléonore Makam ?

Eléonore Makam est Camerounaise, cadre de développement, épouse, mère et responsable de l’Association Mother’s Love.

Pouvez-vous nous faire une brève présentation de l’association, dont vous êtes à la tête ? Et quelles sont ses missions ?

L’association Mother’s Love est une association qui œuvre dans la lutte contre toute forme de violence en famille et par ricochet en société (parce qu’elle estime que la plupart des maux qui minent la société trouvent leur genèse dans la famille). Nous avons pour mission la sensibilisation, l’éducation pour l’éveil des consciences et l’autonomisation de la femme.

Comment définissez-vous le concept : « Sweet Mummy Party ? »

Sweet Mummy Party a été pensée pour célébrer celle qui est au cœur de la famille et qui joue un rôle important dans la construction de notre société, la maman. C’est une occasion qui est donnée aux enfants de rendre un hommage vivant à leurs mamans. C’est aussi un espace de rencontres, d’échanges, de partage d’expériences et de réjouissance entre mamans.

D’où vous est venue l’idée de ce concept ?

L’idée de Sweet Mummy Party vient du constat qu’au décès d’une maman, les enfants ont tendance à faire des dépenses exorbitantes lors des cérémonies funèbres avec des messages pleins de reconnaissances en signe d’amour. Et en regardant le corps inerte, nous nous sommes dit « une si grande attention leur ferait certainement plus plaisir de leur vivant » Ne dit-on pas « qu’il faut dire je t’aime à tous ceux qu’on aime quand ils sont encore vivants ? »

Après la 3è édition de « Sweet Mummy Party », tenue le 26 mai 2019, il y a eu un long moment de silence. A quoi était-il dû ?

Le silence était tout simplement dû à la pandémie du COVID-19 et des occupations professionnelles.

En date du 26 Mai 2024, vous avez réuni près d’une trentaine de mères, dans la salle de conférences du Codas Caritas, à Douala. Qu’y avait-il ?

Nous avons renoué avec la célébration de la fête des mères et surtout nous avons profité pour échanger sur le sujet qui est devenu un véritable phénomène de société : les violences conjugales dans les familles.

« Violences conjugales dans les familles ». C’est le thème qui avait meublé les débats lors de cette rencontre. Qu’est-ce qui avait motivé le choix de ce thème ?

Le nombre de féminicide observé depuis le début de cette année 2024 (environ 80), montre comme je le soulignais plus haut que les violences conjugales sont devenues un véritable phénomène de société : elles touchent toutes les couches sociales, toutes les régions, toutes les tranches d’âges et tous les milieux sociaux professionnels.

L’Etat emprisonne certes les auteurs, mais au bout de compte ce sont les familles qui restent toujours en souffrance (une maman qui perd son enfant, une autre qui doit désormais voir son enfant en prison, des enfants qui deviennent orphelins du fait d’un autre parent, etc.)

Que peut-on retenir au terme des débats ?

Des échanges sur les violences conjugales en famille, il en ressort que :
 Les violences de notre société que nous observons avec des féminicides, tirent leurs fondements dans les familles. Les enfants qui sont victimes très tôt des violences conjugales (violences entre partenaires intimes) sont plus en même de les perpétrer

 Les mamans qui sont garantes de l’éducation des enfants doivent les éduquer (indépendamment de leurs sexes) et ce, dès le bas âge, sur le respect d’autrui et la vie humaine
 La dot ne doit pas être une excuse pour ne pas venir en aide à la femme lorsqu’elle subit les violences dans son ménage
 La prise en charge de la violence basée sur le genre recommande une approche centrée sur la victime c’est-à-dire qu’on ne devrait en aucun cas obliger une femme qui décide de quitter son foyer pour cause de violences à y retourner sous aucun prétexte.
 Les hommes sont tout aussi des victimes des violences conjugales, mais on observe les cas qui conduisent au décès plus chez les femmes. Au Cameroun, cette situation concerne toutes les régions, toutes les tranches d’âges et tous les milieux sociaux professionnels.
Que recherchez-vous en organisant un tel évènement ?
Sensibiliser, éveiller les consciences pour prévenir les violences conjugales dans les familles et la société.

Que comptez-vous faire dans un futur très proche ?

Réunir autour d’une table des hommes et des femmes pour échanger sur la masculinité positive. Car, les violences conjugales impliquent à la fois, les hommes et les femmes.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News