Cameroun : Non à l’augmentation du prix du carburant


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Les associations de consommateurs promettent de paralyser le pays au cas où les pouvoirs publics augmentent le prix du carburant à la pompe.

Le spectre des manifestations publiques aux conséquences dévastatrices qui ont ravagé le Nigeria plane sur le Cameroun. En effet, La presse nationale fait état depuis quelques temps de la volonté des pouvoirs publics de supprimer les subventions sur les produits pétroliers. Cette mesure entrainera alors immédiatement la hausse des prix du carburant à la pompe. L’absence de démenti de cette information par les pouvoirs publics a soulevé l’indignation du Réseau associatif des consommateurs de l’énergie (RACE) et de plusieurs organisations syndicales du secteur.

Une suspicion d’autant plus opportune que le 15 décembre 2011, à l’issue d’une réunion de concertation avec quelques acteurs du secteur pétrolier, le Directeur de la caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph), avait annoncé que l’augmentation n’était pas à l’ordre du jour sans exclure la possibilité de revoir le prix du carburant à la hausse en 2012.

Ultime provocation

Le Race considère les velléités d’augmentation du prix du carburant à la pompe comme de la provocation. « Avec une inflation qui atteint des sommets en ce moment, le moindre relèvement des tarifs du carburant entrainera automatiquement un renchérissement généralisé des prix des denrées et services de première nécessité… aucun argument économique sérieux ne peut justifier une telle initiative », soutient Paul Gérémie Bikidik, le président du Race. Pour lui, l’Etat veut simplement par cette décision satisfaire aux injonctions ultralibérales et antisociales du Fmi et de la Banque mondiale et préserver des intérêts occultes de prédateurs et profiteurs impliqués dans l’administration pétrolière.

Cette association minimise l’action de l’Etat qui se vante d’avoir dépensé 700 milliards de Fcfa au titre de subventions pour supporter et maintenir les prix du carburant à leur niveau actuel. « Dans la même période, en raison de la constante embellie du cours du baril de pétrole brut sur le marché mondial, l’or noir a rapporté la rondelette somme de 1766,852 milliards de FCFA, recettes transférées au Trésor public. Ce chiffre ne tient pas compte des prélèvements fiscaux et douaniers induits par l’ensemble de l’activité pétrolière amont durant ces quatre dernières années », fait remarquer le Race pour justifier sa position.

Le réseau associatif des consommateurs de l’énergie, refuse par ailleurs toutes les explications avancées à chaque fois par les pouvoirs publics : indexation des prix à la pompe sur les prix fluctuants du baril et du cours du dollar US sur le marché international, mécanisme de péréquation, situation de la Sonara qui ne raffine qu’à peine 6% du pétrole produit au Cameroun.

Manifestations de rue

Le Race dénonce le flou artistique autour du secteur pétrolier en amont en en aval. « L’énorme plus-value financière engrangée par ce secteur depuis 1977 (date du début de l’exploitation du premier bloc pétrolier camerounais), profite avant tout aux multinationales, à une poignée de fonctionnaires et à quelques dignitaires du régime en place. Par ailleurs, tout le monde sait que la pléthore de taxes (plus de 50% du prix à la pompe), mine fortement la structure du tarif et plombe la cotation des hydrocarbures », enfonce le Race.

Cette association note que la structure du prix du super en guise d’exemple fait ressortir 6 postes de Tva. Sans oublier des «impôts» payés tantôt pour le «réaménagement du dépôt de Nsam» (2,36 Fcfa prélevés sur chaque litre de carburant depuis 1997), tantôt dans le cadre du «Fonds de lutte contre la fraude» (0,27 Fcfa par litre de super, 1,87 pour le pétrole et 0,16 pour le gasoil). Des éléments qui selon elle, alourdissent davantage les prix à la pompe. Le prix «sortie SONARA» du litre de super étant de 221,64 Fcfa ttc.

« En supprimant toutes ces taxes incongrues, de 569 Fcfa actuellement, on pourrait bien pu avoir un litre de super à la pompe à 400 Fcfa ttc » avant de conclure qu' »au lieu de provoquer les usagers en procédant à une augmentation à l’aveuglette des prix du carburant, l’Etat aurait mieux fait d’envisager une reforme de fond en comble de la fiscalité pétrolière aval, afin de tirer les tarifs vers le bas ».

Face à toutes ces injustices, le Race à l’unisson avec les syndicats de transporteurs et les organisations de défense des consommateurs comptent appeler à une mobilisation générale pour un boycott actif des stations services et aux manifestations de rue sur toute l’étendue du territoire national. « Les consommateurs exhortent les pouvoirs publics à croire en leur extrême détermination et à tirer toutes les leçons du mouvement social qui a paralysé pendant plusieurs jours le Nigeria, suite à l’application par les autorités de ce pays d’une mesure similaire », menace le Race.

Pour cette association, l’exploitation du pétrole extrait du sous-sol camerounais devrait en priorité bénéficier individuellement et collectivement aux consommateurs. « Il faut que le gouvernement qui le gère en leur nom, choisisse entre le désir frénétique de remplir coûte que coûte les engagements financiers scélérats pris avec ses partenaires internationaux et la satisfaction des désidératas fondamentaux des citoyens ».

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