Chaque 24 décembre de l’an, S.E. Mgr. Samuel KLEDA, Archevêque Métropolitain de Douala et Président de la Conférence Episcopale du Cameroun célèbre la fête de la Nativité du Christ à la Prison Centrale de Douala. Monsieur ENGONGA MINTSANG Dieudonné, Régisseur de ladite prison explique la symbolique de cette célébration à Afrik.com.
Afrik.com : Monsieur le Régisseur, dans la matinée du 24 Décembre 2016, il y a eu une affluence toute particulière au sein de la prison Centrale de Douala. Qu’y avait-il ?
ENGONGA MINTSANG Dieudonné : Chaque 24 Décembre de l’an, l’Archevêque Métropolitain de Douala célèbre la fête de la nativité du Christ à la Prison Centrale de Douala avec la communauté carcérale de New-Bell, en compagnie des prêtres, des sœurs, des diacres, des leaders d’associations caritatives, des groupes de chorale et de prière.
Afrik.com : Quelle est la symbolique de cette célébration qui est devenue une tradition dans cet établissement pénitentiaire?
ENGONGA MINTSANG Dieudonné : La fête de Noël a une signification toute particulière : L’enfant Jésus vient surtout pour les personnes en détresse sur le bord du chemin : « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » nous est-il précisé dans (Marc chap. 2 v 17). Jésus, Emmanuel, celui qui sauve, vient en effet nous libérer de nos angoisses, du doute, de l’erreur, de nos péchés, pour tout dire de la déperdition éternelle.
La fête de Noël est un moment de grande allégresse qui nous est révélé dans l’évangile de Saint Luc chap. 2 v 10 à 14, lorsque l’Ange dit aux bergers « Je vous annonce une bonne nouvelle, un grand sujet de joie. Aujourd’hui dans la cité de David, vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, qui louait Dieu et disait « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts et paix sur la terre ».
Le message de la fête de la nativité est en effet celui de l’alliance éternelle avec le Seigneur Jésus qui d’ailleurs lui-même selon Saint Luc au chap. 2 verset 23, je cite « celui qui n’est pas avec moi est contre moi. »
Afrik.com : Que représente pour les 3200 pensionnaires en général et pour la communauté chrétienne catholique de cet établissement la présence de S.E Mgr Samuel KLEDA en ces lieux ce 24 Décembre 2016 ?
ENGONGA MINTSANG Dieudonné : La présence de S.E. Mgr Samuel KLEDA, Archevêque Métropolitain de Douala et Président de la Conférence Episcopale du Cameroun en ces lieux procure la paix et nous rappelle les valeurs essentielles que sont entre autres, la fraternité, l’amour, la spiritualité.
Sa présence conforte par ailleurs le discours millénaire sur la présence et la mission de l’église en milieu carcéral. L’histoire religieuse de la Bible révèle fort à propos, que les croyants ont fait la découverte de la présence du salut de Dieu en captivité et dans la privation de liberté. Dieu continue de soutenir les personnes en détention et c’est bien pour cela qu’il demande de rendre visite aux prisonniers (Mathieu chap.25 v 36 à 40).
Les pensionnaires de ce pénitencier sont convaincus que la présence du prélat en ces lieux leur apporte la lumière qui va leur permettre dans la foi et la prière, et par la grâce de Dieu, de cheminer sans crainte dans la recherche de la vérité, du visage du Christ et de la vie éternelle.
Le philanthropisme de l’Archevêque manifesté sans cesse envers le monde carcéral, est incarné dans le soutien constant qu’il apporte aux projets structurants de préparation de la réinsertion sociale que conduisent ses missionnaires et particulièrement la Sœur Jacqueline ATABONG actuellement en formation aux Etats-Unis.
Afrik.com: Quel constat faites-vous sur la communauté chrétienne catholique de ce pénitencier ?
ENGONGA MINTSANG Dieudonné : La communauté chrétienne catholique de la Prison Centrale de Douala composée de 315 membres est dynamique. Son dynamisme à la constance avérée, témoigne de l’engagement chrétien de tous ses fidèles à la recherche du visage du Christ. Je voudrais à ce titre saluer l’œuvre bien accomplie du Père Julien Ndongo, ancien aumônier, aujourd’hui responsable des cadres et du Centre de recherche chrétienne à Brazzaville au Congo. Au cours de l’année 2016, il aura activement contribué sous les auspices de l’Archidiocèse de Douala, à la construction d’une sacristie dans cette prison, inaugurée par Mgr Samuel KLEDA le 03 Septembre 2016.
Afrik.com : Quel est le problème le plus crucial de cet établissement pénitentiaire ?
ENGONGA MINTSANG Dieudonné : Le problème le plus crucial de la Prison centrale de Douala est son surencombrement. L’effectif total des pensionnaires se chiffre à ce jour à 3200 détenus parmi lesquels 2.094 prévenus. Ce nombre considérable, rapporté à la capacité initiale d’accueil de 960 places, donne à réfléchir quant aux problèmes induits de promiscuité et de dilution des efforts de l’Etat pour l’amélioration du cadre et des conditions de vie des détenus. Il me sied de relever à cet égard que les travaux de construction de la nouvelle prison centrale de Douala-Ngoma ont effectivement débuté au cours de cette année 2016.
L’entreprise chinoise CFHEC (Chinese First Highway Engineering Construction) dispose en effet de 36 mois pour livrer le premier lot de construction des premiers bâtiments. Cette démarche de l’Etat et de ses partenaires au développement pour un mieux être de nos détenus participe des enseignements de l’Apôtre Jean qui dit que Dieu est amour et des Cieux, l’Eternel entend le gémissement du prisonnier et délie ceux qui sont voués à la mort. Il est près de ceux qui ont l’esprit abattu.
Il y a tout lieu de relever par conséquent que la lumière du Christ inonde la Prison centrale de Douala. Cette protection divine rassure à plus d’un titre, car Dieu est secours, il est le secours pour sortir de la détresse, et lui-même l’a dit dans Hébreux chap. 13 v 5, je cite « je ne te laisserai pas et je ne t’abandonnerai pas ». Aussi, à l’unisson, tous les pensionnaires de ce pénitencier peuvent dire cette prière « Père Eternel, nos temps sont entre tes mains ».