Lapiro de Mbanga est mort, ce dimanche, dans la ville de Buffalo où il était hospitalisé, aux environs de New-York, aux Etats-Unis. De son vrai nom Pierre Roger Lambo Sandjo, ce chanteur et activiste politique camerounais était, pour beaucoup, la voix des sans-voix.
Sa santé s’était particulièrement détériorée après son dernier séjour en prison dans son pays, accusé d’être l’instigateur des émeutes de 2008 au Cameroun qui ont fait 40 morts. A sa sortie en 2011, il se réfugie aux Etats-Unis mais il est déjà malade. « Si je ne suis pas mort avant que mon statut de réfugié politique ne soit levé, je reviendrai à Mbanga », déclare-t-il à la presse avant son départ. Il s’est éteint à l’âge de 57 ans dans l’hôpital de Buffalo près de New-York, aux Etats-Unis.
« C’était un artiste qui était le porte-parole de ceux qui n’ont pas de voix »
En pidgin, mélange d’anglais et de langue locale, Lapiro de Mbanga chantait pour les déclassés. « C’était un artiste qui était le porte-parole de ceux qui n’ont pas de voix » révèle Billy show, animateur culturel sur la Cameroon Radio Télévision, sur RFI. Le chanteur a connu son plus grand succès dans les années 90, avec des titres tels que « Kop nie », « No make erreur », ou encore en 2008, « Constitution constipée », aussitôt interdit dans son pays, qui lui vaut son incarcération par le président de la République, Paul Biya.
Lapiro de Mbanga – Constitution constipée
« Lapiro de Mbanga essayait (…) de sensibiliser l’homme politique »
« Et Lapiro de Mbanga essayait autant que peut de sensibiliser l’homme politique, le décideur pour prendre en compte les desideratas de ces populations. Cela ne lui a pas valu que des amis, et on n’était pas toujours assez mûr, à gauche et à droite, pour comprendre la pertinence de ses positions », poursuit Billy show. Au sommet de son succès au début de la décennie 90, il est accusé de pactiser avec le pouvoir pendant cette période « d’ouverture démocratique ».
Quand il sort de prison le 24 septembre 2011, il dépose plainte contre l’Etat du Cameroun auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme. Il obtient raison et demande l’asile aux Etats-Unis. La Cour suprême du Cameroun avait annulé, l’année dernière, sa précédente condamnation à 3 ans de prison par le tribunal de grande instance de Moungo. Cette institution suprême avait exigé que la procédure à l’encontre du chanteur reprenne avec une composition différente du tribunal.
Lapiro de Mbanga avait récemment accepté de parrainer le comité de soutien à Thierry Michel Atangana. L’artiste camerounais se retire définitivement. Il a sorti plus de dix albums au cours de sa vie de chanteur.
Lapiro De Mbanga – Kop Nie