Cameroun : « Même avec peu de moyens, lancez votre projet »


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Benjamin Ngongang
Benjamin Ngongang

Benjamin Ngongang, responsable de l’Atelier d’Innovation Collaboratif (AIC) O’Botama, en partenariat avec la GIZ et la fondation Deichmann, a organisé la 3è édition du boot camp NABIKO, du 21 au 24 mai dernier, à Douala, capitale économique camerounaise.

A l’issue de cet évènement dont l’importance n’est plus à démontrer, il se confie à Afrik.com.

Qui est Benjamin Ngongang?

Benjamin Ngongang est le responsable (Nkukuma) de l’Atelier d’Innovation Collaboratif (AIC) O’Botama, un espace d’incubation qui accompagne les jeunes entrepreneurs en mettant à leur disposition un espace de coworking et divers programmes de mentorat avec des partenaires. Parmi ces programmes nous avons NABIKO, un programme d’incubation et de mentorat organisé avec l’association allemande SEEDS en vue de contribuer au développement de l’entrepreneuriat en Afrique francophone. La première édition a été officiellement lancée au Cameroun en février 2020, la seconde en mars 2022 et nous sommes actuellement dans la phase d’accompagnement de la troisième qui a été lancée en mars 2023.

Du 21 au 24 mai 2024, vous avez organisé la 3è édition du Bootcamp Nabiko. Que peut-on retenir de cet évènement très couru ?

Le boot camp NABIKO III s’est tenu à Douala, au Cameroun du 21 au 24 mai dernier. Cette édition a été organisée en partenariat avec la GIZ et la fondation Deichmann. Elle a connu la participation de 10 startups dont quatre du Bénin, trois du Togo et autant du Cameroun. Cet événement était pour eux l’occasion de rencontrer d’autres entrepreneurs en herbe ou expérimentés et bénéficier de l’expertise de mentors, entrepreneurs ou spécialistes de différents domaines.

Benjamin Ngongang
Benjamin Ngongang

Pour cette édition, huit mentors membres de SEEDS ou O’Botama étaient présents pour accompagner les lauréats à travers les ateliers et autres activités. Dans l’ensemble, nous estimons que c’était une réussite dans la mesure où tous les objectifs fixés ont été atteints. Plus précisément, nous avons réussi à rassembler tous les lauréats invités ainsi que les mentors pendant ces quatre jours ; nous avons aidé les équipes des startups à grandir en compétences puisqu’ils ont reçu et ont été satisfaits des enseignements en relation avec les attentes qu’ils avaient présentées ; ont présenté des versions améliorées par rapport à ce qu’ils avaient pendant les sélections.

Pendant quatre jours, qu’est-ce qui avait été fait ?

Le boot camp a commencé par une journée d’ouverture pendant laquelle les organisateurs ont présenté le programme, sa genèse, sa vision, le contexte de l’entrepreneuriat en Afrique surtout francophone, l’objectif du boot camp et les lauréats de cette édition. Après la cérémonie d’ouverture, des alumnis de la première et deuxième édition de NABIKO ont partagé leurs expériences dans l’entrepreneuriat et par rapport à NABIKO avec les lauréats. Les autres journées ont été meublées de différents ateliers pratiques individuels ou en groupe axées autour de thématiques abordées dans les formations dispensées en ligne au lendemain du lancement officiel ou des besoins spécifiques des startups.

Quelle était la spécificité pour cette édition ?

La troisième édition de NABIKO a connu de nombreuses améliorations. L’une des spécificités de cette édition est le changement du processus de sélection des lauréats du boot camp. En effet, contrairement aux éditions précédentes où l’appel à candidature aboutissait directement à la sélection des 10 lauréats, nous avons procédé à une sélection en deux étapes. La première étape devait aboutir à la sélection de 25 projets innovants, mais face à l’originalité et à la maturité des projets, nous en avons retenu 28 startups basées au Gabon, au Cameroun, au Tchad, au Togo et au Bénin. Je rappelle que nous avons reçu plus de 390 inscriptions et une centaine de candidatures complètes sur la plateforme d’enregistrement lorsque l’appel à candidature a été lancé.

Ça n’a pas été facile de départager les lauréats de cette année vu que nous avions des projets vraiment intéressants, déjà matures et en quête de croissance

Toutes les startups présélectionnées ont commencé à suivre les formations en ligne après le lancement officiel du programme en mars. Ce qui constitue une autre innovation, car seuls les lauréats retenus pour prendre part au boot camp recevaient ces formations dans les précédentes éditions. Ensuite, nous avons organisé des sessions d’interviews one-to-one pour en savoir plus sur les projets, leurs promoteurs et leurs ambitions. Un exercice assez intéressant qui avait pour objectif de mieux filtrer et se rassurer que ceux qui sont retenus pourront effectivement bénéficier de l’accompagnement que nous voulons leur apporter. Autre nouveauté, les gagnants de la prime du boot camp ne sont pas les seuls à bénéficier du mentorat post-boot camp. Des programmes ont été taillés sur mesure pour accompagner chaque startup jusqu’à la fin de cette année.

Quels étaient les critères de sélection des 10 lauréats ?

Durant toutes ces étapes de sélections, hormis les conditions énumérées dans l’appel à candidature, nous avons pris en compte le niveau de maturité de la startup, le potentiel du marché, l’engagement du promoteur pour la croissance de sa startup, ainsi que son intérêt et son implication par rapport au programme.

Pouvez-vous nous présenter les trois meilleurs porteurs de projets primés ? Et qu’est-ce qui avait milité en leur faveur ?

Comme je l’ai dit, cette édition de NABIKO a connu de nombreux changements. La raison est que nous essayons à chaque fois de faire mieux qu’avant. Ça n’a pas été facile de départager les lauréats de cette année vu que nous avions des projets vraiment intéressants, déjà matures et en quête de croissance. L’une des questions qui nous a beaucoup fait réfléchir était de savoir si on fait grimper la prime à 2 000 euros pour trois startups ou si on augmente le nombre de bénéficiaires. Mais nous avons finalement opté pour le deuxième cas de figure en primant quatre startups au lieu de trois. Il s’agit en l’occurrence de ADU Collection et AKADI du Togo, SEDAMI La Reine des Champignons du Bénin et LACHTEL du Cameroun.

Notre vision est d’outiller les entrepreneurs, leur permettre d’avoir le même niveau qu’en Europe ou Asie afin de pouvoir concurrencer avec eux dans la quête des investisseurs

Dans les détails, ADU Collection est une marque de sacs à mains faits à base de simili cuir, cuir véritable et pagnes africains. AKADI recycle des matériaux pour produire des lampes écoresponsables, personnalisées et reflétant l’identité de l’Afrique. Nous avons ensuite SEDAMI La Reine des Champignons, une entreprise agroalimentaire qui a pour mission d’améliorer la productivité des champignons en Afrique en produisant et en distribuant des semences de champignons de haute qualité et à coût abordable.

Enfin, LACHTEL qui est une entreprise spécialisée dans la production et transformation laitière. De façon aléatoire, ce qui a milité en leur faveur, c’est l’engagement de leurs promoteurs et leur évolution depuis le lancement du programme, le potentiel de leurs projets sur le marché et surtout notre capacité à leur apporter le soutien dont ils ont besoin actuellement pour passer à un autre niveau.

Parlez-nous de la genèse du Bootcamp Nabiko

Je tiens à préciser que le boot camp n’est qu’une articulation du programme NABIKO. C’est une phase intensive pendant laquelle nous travaillons sur différentes thématiques qui vont aider les lauréats dans leur voyage entrepreneurial. Dans notre cas, ces thématiques sont orientées vers les besoins qu’ils ont exprimés ou des manquements qui ont été observés chez la plupart des lauréats. Le boot camp permet de mieux cerner les projets pour savoir comment orienter ou structurer la suite du programme à savoir la phase de mentorat et d’incubation pour chaque startup, mais également de mieux évaluer pour sélectionner ceux qui recevront la subvention.

Maintenant, concernant NABIKO, l’idée de ce programme est partie du constat que très peu d’entrepreneurs africains réussissent à lever des fonds tant en local qu’à l’international. Ceux des pays angloxaxons s’en sortent un peu mieux mais le mal est plus profond en Afrique francophone. Cela est dû au manque de de discipline et de professionnalisme dans la préparation d’un projet.

En effet, très peu savent comment définir un projet, planifier le business plan et financer les activités. En plus de ce manque de niveau, ces entrepreneurs manquent d’accompagnement pourtant beaucoup de professionnels sont disposés à le faire. Alors, notre vision est d’outiller les entrepreneurs, leur permettre d’avoir le même niveau qu’en Europe ou Asie afin de pouvoir concurrencer avec eux dans la quête des investisseurs.

Que recherchez-vous en organisant un tel événement ?

En organisant un tel événement, notre objectif est de contribuer à relever le niveau de l’écosystème entrepreneurial en Afrique francophone à travers le partage d’expérience et transfert de compétences entre les personnes qualifiées généralement issues de la diaspora et les jeunes des pays d’Afrique francophone.

Il faut aussi pouvoir mobiliser de bons projets innovants dont les promoteurs sont vraiment intéressés par le programme

Nous voulons ainsi les aider à se  lancer dans l’entrepreneuriat et les accompagner en leur apportant un coaching personnalisé sur leurs entreprises et en les préparant à des levées de fonds.

Quel peut être son apport dans notre pays en particulier et en Afrique en général ?

L’objectif de NABIKO est d’encourager et promouvoir l’entrepreneuriat d’impact. C’est pourquoi dans nos sélections, nous accordons la priorité aux projets qui ont un impact socioéconomique à travers la création d’emplois, la promotion de l’entrepreneuriat féminin. A ce sujet, vous remarquerez que nous avons respecté la parité homme-femme dans toutes les phases de sélection pour cette édition, que ce soit les 28 de départ, les 10 du boot camp ou les 04 qui ont reçu la subvention.

Nous encourageons les entrepreneurs qui ne se soucient pas uniquement de leur bien-être mais également celui de leurs communautés avec les moyens dont ils disposent et aspirent à plus. En gros, je peux dire que le programme vise à mieux outiller les jeunes entrepreneurs pour contribuer à la croissance économique et la lutte contre la pauvreté dans les pays et sur le continent.

Pour réussir l’organisation d’un pareil évènement, que faut-il faire ?

La réussite d’un tel événement repose essentiellement sur un travail de mobilisation. D’abord, une bonne mobilisation de ressources humaines, c’est-à-dire l’équipe impliquée dans la préparation des différents aspects de l’événement. Il faut aussi pouvoir mobiliser de bons projets innovants dont les promoteurs sont vraiment intéressés par le programme, de bons mentors pour les accompagner, ainsi que l’écosystème local notamment la presse et les autres acteurs.

Un conseil à l’endroit des porteurs de projets

Ce que je peux dire à l’endroit des jeunes entrepreneurs, peu importe la grandeur de vos rêves, commencez la mise en œuvre avec les moyens dont vous disposez. L’expression en anglais c’est : « Think big, start small ».

A quand la prochaine édition ?

La prochaine édition du programme NABIKO est en préparation et les dates essentielles seront communiquées le moment venu. Pour l’instant, nous poursuivons la phase de mentorat avec les lauréats de NABIKO III.

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