Cameroun Maurice Kamto lance un appel aux dons pour défier Paul Biya à la Présidentielle


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Maurice Kamto
Maurice Kamto

Au Cameroun, l’opposant Maurice Kamto a lancé un appel aux dons pour financer sa campagne présidentielle de 2025. Bien que son parti, le MRC, n’ait pas de représentants élus, Kamto reste déterminé à se présenter. Cette démarche intervient dans un climat politique tendu, marqué par des campagnes de harcèlement à son encontre.,alors que la candidature de Pau Biya aux joutes électorales est certaine

Maurice Kamto, leader de l’opposition au Cameroun et ancien candidat déclaré deuxième lors de la Présidentielle de 2018, a lancé un appel aux dons via les réseaux sociaux pour financer sa future campagne en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Une initiative audacieuse et peu courante dans le paysage politique camerounais, qui suscite déjà de vives réactions et critiques, notamment du côté du parti au pouvoir.

Le budget prévisionnel pour la campagne de Maurice Kamto est estimé à 6 milliards de francs CFA, une somme qui s’annonce colossale pour les normes politiques du pays. Sur ses comptes en ligne, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) invite ses partisans à participer financièrement à cette démarche. Les dons peuvent être effectués via transferts mobiles, avec pour référence le nom du parti, le MRC. Cette campagne de collecte de fonds a pour objectif de financer les activités liées à la préparation de l’élection présidentielle, en mettant en avant le slogan « Agissons ensemble pour un Cameroun fort et prospère ».

Une initiative de Maurice Kamto qui divise

Bien que l’initiative ait été présentée comme étant un appel à soutenir la candidature de Maurice Kamto lui-même et non du MRC en tant que parti, cette démarche a ravivé les débats sur la légalité de ce financement anticipé. À ce stade, la candidature officielle de Maurice Kamto n’a pas encore été déposée, car cela n’est possible qu’après la convocation du corps électoral, prévue pour mi-juillet 2025, soit 90 jours avant le jour du scrutin. Pourtant, le leader de l’opposition semble résolu à mener son combat, malgré les nombreux obstacles politiques et juridiques qui se dressent sur son chemin.

La campagne de Maurice Kamto a immédiatement suscité des réactions contrastées. Le RDPC, le parti au pouvoir dirigé par le Président Paul Biya, a remis en question la légalité de cette collecte de fonds à plusieurs mois de l’élection. Patrick Rifoe, un communicant du RDPC, a exprimé des inquiétudes sur la provenance des fonds, non sans souligner le risque d’un financement étranger ou d’un soutien provenant de sources illicites. Il a insisté sur la nécessité d’assurer la transparence des fonds et de vérifier leur origine afin d’éviter toute irrégularité. « Il faut simplement s’assurer que cela respecte les lois en vigueur », a-t-il précisé.

Lorsque le MRC choisissait de boycotter les élections

Joseph-Emmanuel Ateba, secrétaire national à la communication du MRC, a répondu aux accusations de financement douteux en expliquant que Maurice Kamto avait pris les précautions nécessaires avant de lancer cet appel. Selon lui, des démarches administratives avaient été effectuées auprès des ministères compétents, notamment ceux des Finances et de l’Administration territoriale, pour garantir la transparence du processus. M. Ateba a insisté sur le fait que le MRC cherche avant tout à respecter les règles de la loi électorale et à éviter toute suspicion autour des fonds collectés.

Le contexte politique actuel rend cette initiative particulièrement sensible. En 2020, le MRC avait choisi de boycotter les élections législatives et municipales, ce qui avait conduit à une absence d’élus dans les assemblées. Cet échec électoral a souvent été interprété comme un signe de l’affaiblissement du parti d’opposition. Cependant, Maurice Kamto et ses partisans continuent de revendiquer leur droit à se présenter aux élections présidentielles de manière indépendante et libre.

Une candidature à la Présidentielle incertaine

La question de la faisabilité de la candidature de Maurice Kamto à la Présidentielle de 2025 est régulièrement soulevée. En raison de l’absence de représentants élus du MRC dans les institutions locales depuis le boycott de 2020, certains estiment que le parti pourrait rencontrer des obstacles pour participer pleinement aux élections. Cependant, Ateba du MRC a rejeté ces arguments, et dénoncé ce qu’il appelle une campagne de dénigrement et de désinformation menée par le camp présidentiel. Il a souligné que des voies légales existent pour présenter une candidature, indépendamment de la situation électorale des précédentes élections locales.

Cette incertitude sur la candidature de Maurice Kamto pourrait aussi découler des tactiques politiques employées par le pouvoir en place pour limiter la participation de l’opposition aux élections. Ces manœuvres ont conduit à des tensions croissantes entre l’opposition et les autorités camerounaises, notamment avec la montée en puissance du MRC comme force de contestation du régime de Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 40 ans.

Harcèlement politique et pressions sur l’opposition

Maurice Kamto et son parti ont, au fil des années, été la cible de nombreuses pressions et campagnes de harcèlement. En 2018, après sa défaite lors de l’élection présidentielle, Kamto avait été arrêté et emprisonné pendant plusieurs mois. Une action largement dénoncée par les défenseurs des droits de l’Homme et les acteurs de la communauté internationale. Depuis sa libération, il a continué à dénoncer les dérives du pouvoir en place et à mobiliser ses partisans en vue de la prochaine élection.

Ces tensions se sont intensifiées avec les récentes élections locales, où le MRC a dénoncé des fraudes et des irrégularités, toujours sans être représenté au sein des institutions. Le climat politique tendu, caractérisé par des arrestations arbitraires et des intimidations envers les membres de l’opposition, nourrit la défiance de Maurice Kamto à l’égard des autorités et renforce sa volonté de se battre pour un changement politique. Maurice Kamto, malgré les obstacles juridiques et politiques, continue de préparer sa campagne pour l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Paul Biya et sa candidature quasi-certaines

La prochaine élection présidentielle au Cameroun s’annonce déjà comme un affrontement entre le Président sortant, Paul Biya, et l’opposition, incarnée notamment par Maurice Kamto. Après plusieurs décennies de pouvoir, Biya, qui a dirigé le pays depuis 1982, semble résolu à briguer un huitième mandat, malgré son âge avancé et les critiques croissantes concernant son autorité. À 92 ans, Biya n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature.

Seulement, de nombreux observateurs et membres de son parti, le RDPC, s’attendent à ce qu’il se lance dans la course, en s’appuyant sur son héritage politique et ses partisans fidèles. La perspective d’une nouvelle candidature de Paul Biya est source de division et de mécontentement parmi une large partie de la population camerounaise, qui réclame depuis longtemps un changement de leadership. Le climat politique s’est tendu avec l’opposition, qui dénonce la gestion autoritaire du régime.

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