Cameroun-Maurice Kamto : « La démocratie camerounaise régresse »


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Le professeur Maurice Kamto, ministre délégué à la Justice de 2004 à 2012 et qui a démissionné de son poste le 30 novembre 2011, dénonce dans une lettre ouverte un « Cameroun qui se déchire silencieusement sous la puissance tellurique des haines grégaires ».

Dans une lettre ouverte, l’ancien ministre délégué de la Justice (2004-2012), Maurice Kamto, dénonce une politique « régressante » au Cameroun. Depuis l’annonce de sa démission au soir de la prestation de serment de Paul Biya, pour un nouveau septennat, l’opinion publique attend toujours d’entendre Maurice Kamto s’expliquer sur les raisons de cette surprenante décision. Alors qu’il occupait un poste clé au sein du gouvernement camerounais, le professeur Maurice Kamto décide de quitter le navire. Cela n’était pas arrivé depuis le 27 août 1992 lorsque Garga Haman démissionne de son poste de ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative.

Un rêve brisé

Dans sa lettre ouverte, l’universitaire ne cache pas sa déception au vue de ce qu’est devenu son pays. « Voici une Nation naguère rayonnante de prospérité, crainte et respectée dans sa zone d’influence naturelle et au-delà, désormais banalisée, débordée de toutes parts dans l’indifférence, ou peut-être l’impuissance », écrit-il. Il rappelle les sacrifices consentis pour servir son pays : « J’ai grandi dans l’idée que le Cameroun était voué à un destin exceptionnel, des horizons professionnels alléchants à l’étranger m’ont plus d’une fois ouverts leur bras ; jamais, je ne m’y suis précipité. J’ai obtenu le diplôme sanctionnant la fin des mes études de droit un vendredi, un jour après j’étais déjà à Yaoundé, brûlant d’envie d’apporter ma modeste contribution à ce qui s’annonçait être la grande Odyssée nationale sous la houlette d’un homme réputé intègre, fin lettré et moderne. »

Une jeunesse de syndicaliste

Pour mieux faire comprendre l’essence de son engagement civique et politique, il propose une incursion dans son passé en tant qu’universitaire : « En 1979, année terminale de mes études de droit à l’université de Yaoundé, fut engagée une reforme des programmes et la durée des études qui ramena la licence de 4 à 3 ans en Faculté des Sciences et en Faculté des Lettres et des Sciences humaines, mais maintint 4 ans en faculté des Sciences économiques et de Droit. Celle-ci se souleva contre cette discrimination, d’autant plus qu’elle n’ avait guère été expliquée. Les étudiants me portèrent à la tête du mouvement de grève. On était sous la férule d’un pouvoir autocratique. Je fis de mon mieux pour porter la voix des mes camarades, au finish, nous eûmes gain de cause. » Trente-trois ans après, Maurice Kamto revient non comme un leader estudiantin mais comme un intellectuel avisé qui fustige les dérives d’un système qui pourrait inéluctablement conduire le Cameroun à sa perte. « Le siècle avance, cependant le pays piétine. L’unanime politique progresse et la démocratie camerounaise régresse, n’offrant plus au peuple camerounais que le choix improbable entre un parti et lui même », poursuit-il.

Maurice Kamto, candidat en 2018 ?

L’ancien ministre délégué à la Justice, acteur dans la résolution du différend frontalier opposant le Cameroun au Nigeria, ne cache pas son envie de voir les choses bouger : « A tous ceux qui entendent les échos de cette terre, en appel d’un nouveau, je dis que la voie s’ouvre à une espérance nouvelle ». Quant à sa participation à ce changement, Maurice Kamto demeure discret : « Nous présenterons au pays, dans les temps qui viennent, des idées, et une équipe pour les porter. »

Les prochaines élections législatives et municipales au Cameroun sont prévues au mois de juin 2012. L’occasion, peut être, pour Maurice Kamto « de présenter des idées »

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