Après le réquisitoire du ministère public accablant les accusés, Marafa et Fotso ont plaidé leur innocence. L’ancien ministre d’Etat a ainsi prononcé un mémoire de défense désormais considéré comme sa cinquième lettre à la Nation.
(De notre correspondant)
« J’attendais ce moment avec impatience. Impatience comblée puisque j’ai pu m’expliquer devant la justice de mon pays et puisque l’accusation n’a pu produire aucune preuve de ses allégations », introduit Marafa Hamidou Yaya dans sa déclaration de clôture du procès l’impliquant dans l’acquisition du BBJ II pour les déplacements du président Paul Biya. L’ancien secrétaire général à la présidence de la République et ministre d’Etat de l’Administration territoriale et de la décentralisation soutient n’avoir plus rien à ajouter à ce que ses avocats ont soutenu dans leurs plaidoiries et lui même dans ses lettres pour clamer son innocence.
Il a ainsi pu avancer ne pas s’estimer suffisamment idiot ou malhonnête pour détourner 29 des 31 millions de dollars destinés à l’achat d’un avion pour Paul Biya. « Car à moins d’être un parfait imbécile, comment aurais-je pu envisager que passerait inaperçu une opération consistant à passer une fausse commande pour un avion présidentiel, et à détourner 29 des 31 millions de dollars devant financer l’achat ? Comment aurais-je pu croire que personne ne se rendrait compte que l’avion bien que payé, n’est jamais arrivé ? », questionne-t-il.
Appel à la responsabilité des juges
Pour lui, les raisons de son inculpation sont à chercher ailleurs et entre autres dans sa loyauté envers le Cameroun et son président Paul Biya pendant trente ans. « Condamnez-moi pour avoir obéi aux instructions du président de la République concernant l’achat d’un avion présidentiel. Condamnez-moi parce que je présente une menace pour un petit groupe. Condamnez-moi parce que, fort du soutien de mes compatriotes, je suis désormais porteur parmi d’autres, d’une espérance pour notre pays. Mais ne me condamnez pas pour des faits de détournements de biens publics que je n’ai pas commis, auxquels je n’ai pas participé et dont je n’ai pas profité », a lancé Marafa à l’endroit du Président du tribunal et des juges de la collégialité.
Marafa a aussi interpellé la responsabilité des juges devant rendre le verdict et fait remarquer que la décision qu’ils rendront fera tâche d’huile et marquera à jamais l’histoire du Cameroun. Non sans plaider pour sa relaxe pure et simple. « Reconnaître mon innocence et la reconnaître publiquement sera votre manière de marquer que le temps est venu d’arrêter cette marche vers la dissolution de notre Nation, et de retrouver le chemin qui nous mène à l’avènement d’une société de confiance », soutient-il.
L’ancien ministre conclura sa déclaration en paraphrasant une épitaphe des guerriers spartiates tombés aux thermophiles dans la Grèce Antique : « Passant, va dire à Etoudi (Ndlr : palais présidentiel du Cameroun) que je suis prisonnier ici pour avoir obéi à ses hautes instructions », conclut Marafa. Comme lui, les différentes personnes impliquées dans ce procès seront fixées sur leur sort le 21 septembre.
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