Les salles de cinéma camerounaises, au total 32 dans les années 1970 – 1980, construites dans les grandes villes (Douala, Yaoundé,..), à coût des millions de francs CFA par les particuliers, d’abord lieux d’organisation des concerts de musique, sont devenues, pour la majorité, des maisons de culte. Et les principaux locataires sont les églises de réveil.
Comment en est-on arrivé là ?
Les raisons avancées par les propriétaires de ces salles de cinéma, sont entre autres : l’avènement des vidéos-projecteurs, lesquels ont favorisé l’ouverture des vidéoclubs dans tous les quartiers, et dont l’entrée est de 100 FCFA, l’internet pour les cybercafés, des téléphones Android, la projection des grands films/feuilletons télévisés dans toutes les chaînes de télévisions locales, y compris la sécheresse financière, les populations fréquentent de moins en moins ces espaces, malgré leur confort.
« Avant 2016, les salles de cinéma, ayant une capacité de 1000 à 2000 places, étaient toujours pleines. En une journée, on projetait de nombreux films. Ce qui fait que le propriétaire tirait son épingle du jeu, malgré les charges auxquelles il devait faire face. Depuis quelques années, cette activité est complètement morte. Et le propriétaire, dans l’incapacité de continuer à supporter les charges (paiement du personnel, des impôts, et autres redevances, des factures d’eau et d’électricité, la location des films, l’entretien de la salle,…), se trouve dans l’obligation de mettre la salle en location, afin de récupérer ses frais d’investissement. Et les personnes tellement intéressées sont les leaders des églises de réveil. Pour les départager, la salle est mise à la disposition du plus offrant », déclare Georges K. propriétaire d’une salle de cinéma dans la ville de Douala.
« Des lieux où nous passions de beaux moments »
« Vous êtes sans ignorer qu’une maison inhabitée, aussi luxueuse qu’elle soit, s’abîme très vite. Et on ne fait pas le commerce pour perdre ! D’où le choix opté par les propriétaires des salles de cinéma dans notre pays», ajoute-t-il. « Quand j’avais 14 ans, les samedis et dimanches, les parents nous amenaient souvent visionner les films dans les salles de cinéma de la ville de Douala. Il y avait entre salles : Le Concorde, Le Paradis, Le Berlyse, Le Wouri, Le Grand Canyon, Cinéma ABC, Cinéma Omnisport, Cinéma Rex,..). La fermeture de ces salles pour d’autres fins, m’a tellement touchée. Ces salles étaient des lieux où nous passions de beaux moments », déclare l’étudiante Yvonne P..
« Finalement qu’est-est-ce qui marche alors chez nous ? Si, même l’industrie cinématographique est affectée, qu’allons-nous faire ? », ajoute-t-elle. Il faut signaler que les Centres culturels français et Canal Olympia, la nouvelle salle de cinéma, construite par le Groupe Bolloré, continuent à faire la fierté des populations camerounaises, un pays qui a accueilli sa première salle de cinéma en juin 2016.