Les Pygmées, résidant dans le Sud du Cameroun, ont été contraints par les autorités de quitter leurs demeures traditionnelles. Le gouvernement a accordé à différentes sociétés des permis d’exploitation dans les forêts où ces peuples vivent depuis des lustres.
Les Pygmées ne sont plus les bienvenus sur leurs propres terres. Ils ont été sommés de quitter leurs maisons traditionnelles par les autorités camerounaises, selon une enquête réalisée par IPS. Le gouvernement a en effet accordé à diverses sociétés des permis d’exploitation dans les forêts où ils résident depuis toujours. L’objectif pour le Cameroun, devenir une puissance économique émergente d’ici 2035.
Les Pygmées, appelés aussi « Bakas », vivent dans le Sud du Cameroun. Ils seraient 35 000 dans le pays. Et sont très préoccupés pour leur avenir. « Le gouvernement du Cameroun et certains Blancs nous ont déplacés du cœur du bloc forestier de Ngoyla-Mintom et nous ont réinstallés dans ce village situé dans son enceinte. Maintenant, nous allons au fond de la forêt dans la journée et revenons le soir. Nous n’y sommes pas autorisés la nuit », a confié l’un d’entre eux à IPS.
Un futur incertain
Face à la situation, les agences de protection de l’environnement ont également exprimé leurs inquiétudes. En effet, les sociétés minières et d’exploitation forestière ont carte blanche sur de grandes portions des forêts du pays. Il ne se passe pas un jour sans que les Bakas n’entendent des moteurs et tronçonneuses. Selon David John Hoyle, directeur de la conservation au Fonds mondial pour la nature (FMN), le gouvernement camerounais distribue des permis d’exploitation depuis les années 2000. Une décision qui met en péril l’avenir des Bakas qui ont toujours vécu dans la forêt.
Chassés par les Bantous
Les autorités souhaiteraient désormais les installer sur des terres agricoles situées sur le long des routes principales. Seulement, ces terrains sont occupés par les Bantous, considérés comme l’ethnie dominante. Dès lors que les Bakas viennent s’y installer, ils n’hésitent pas à les inviter à s’en aller ailleurs, leur rappelant qu’ils sont maîtres des lieux. Les relations entre Pygmées et Bantous sont parfois houleuses. Il y a très peu de mariages entre les deux ethnies], les Bantous considérant les Pygmées comme des êtres inférieurs à eux.
Dans leur propre pays, les Bakas estiment désormais qu’ils ne sont nulle part chez eux. Lorsqu’ils retournent dans la forêt, les gardes forestiers les expulsent à leur tour. Livrés à eux-mêmes, et plus que jamais vulnérables, ils sont contraints d’errer à la recherche d’une nouvelle terre pour préserver leur survie.
Lire aussi :
Peuples autochtones d’Afrique centrale : en marche vers la reconnaissance
Fier d’être pygmée