La population camerounaise est rassurée par le fait que l’armée ait renforcé ses dispositifs pour traquer le groupe terroriste nigérian Boko Haram, responsable de l’enlèvement des lycéennes nigérianes de Chibok.
La présence de Boko Haram dans le nord du Cameroun est un secret de polichinelle. Si au départ les autorités fermaient les yeux sur le groupe nigérian, estimant que c’est le Nigeria qui devait lui régler son compte, ce n’est plus cas. Le Cameroun est bien décidé à traquer le groupe terroriste. D’ailleurs, lors du Sommet de l’Elysée sur le Nigeria pour trouver des solutions contre le groupe, à l’initiative de François Hollande, Paul Biya avait affirmé que la guerre contre Boko Haram était engagée.
Une initiative qui rassure les habitants du Nord du Cameroun, qui se sont longtemps sentis abandonnés à leur sort. Ils se disent désormais « rassurés » par l’arrivée d’importants renforts militaires pour lutter contre les islamistes armés nigérians de Boko Haram. « Le Président Paul Biya s’est réveillé. Nous avions l’impression qu’il dormait », confie à l’AFP, sourire aux lèvres, cette enseignante de Maroua (700 km au nord de Yaoundé), la capitale de la région de l’Extrême-Nord, qui tient à rester anonyme, .
« Nous ne sommes plus inquiets »
Selon l’enseignant, « nous ne sommes plus inquiets comme avant », sous le regard approbateur de quelques collègues, avant de regagner sa salle de classe. Le Cameroun, régulièrement accusé de passivité dans la lutte contre Boko Haram, a en effet bien déclaré « la guerre » au groupe islamiste nigérian, qui multiplie depuis des mois les tueries sanglantes dans le nord du pays.
L’armée a décidé d’employer les grands moyens lorsque dans la nuit du 16 au 17 mai, 10 ouvriers chinois ont été enlevés et un militaire camerounais tué dans une violente attaque dans la zone touristique de Waza, aux confins du Tchad et du Nigeria. Elle avait alors déployé des avions de combat, blindés, et soldats. Et depuis une semaine, l’armée camerounaise déploie d’importants renforts militaires dans la zone.
« Il y aura des moyens supplémentaires ces jours-ci. On va assister à une montée en puissance dans la lutte contre Boko Haram. C’est la guerre totale », lance un responsable de l’armée sous couvert de l’anonymat.
3000 militaires et gendarmes camerounais déployés
Au total, près de 3 000 militaires et gendarmes doivent être déployés pour empêcher le nord Cameroun de devenir une base arrière de Boko Haram. « Le déploiement de l’armée ne peut que nous réjouir », confirme Jean Felix Nyioto, proviseur du lycée de Fotokol, situé à environ 300 mètres de la ville nigériane de Gamboru, où la nébuleuse a massacré 300 personnes début mai, selon des sources locales. Créé en 2002, Boko Haram a tué plusieurs milliers de personnes au Nigeria. Et désormais de nombreux chefs d’Etat africains estiment que le groupe terroriste est une véritable menace pour le continent.