Le report des élections législatives et municipales au Cameroun, tout en maintenant la présidentielle de 2025, alimente les débats sur les motivations réelles du gouvernement.
Le Cameroun se retrouve une fois de plus au cœur de débats enflammés concernant la gestion de son calendrier électoral. En juillet 2024, un décret présidentiel a confirmé le report des législatives et des élections municipales prévues pour 2025, ne laissant que la présidentielle au programme pour cette année-là. Cette décision suscite de vives réactions et soulève des questions sur la véritable motivation derrière ces ajustements fréquents du calendrier électoral.
Un report contesté
Le 24 juillet 2024, Paul Biya a officialisé la prorogation des mandats des conseillers municipaux et des députés jusqu’au 31 mai et 30 mars 2026, respectivement. Selon le gouvernement, ce report vise à alléger le calendrier électoral et à concentrer les ressources humaines, matérielles et financières sur l’élection présidentielle de 2025. Cette justification, cependant, est loin de convaincre l’opposition, qui y voit une manœuvre pour écarter certains candidats potentiels et limiter la compétition électorale.
Depuis son accession au pouvoir en 1982, Paul Biya a régulièrement modifié le calendrier électoral à son avantage. Dès 1984, il a organisé une élection anticipée pour affermir son pouvoir. Cette pratique d’anticipation et de report est devenue une méthode récurrente pour gérer la vie politique du pays. Les élections présidentielles ont été anticipées ou reportées à plusieurs reprises, tout comme les législatives et les municipales, souvent avec des prétextes variés.
L’impact des prorogations
Les reports et prorogations ont été utilisés pour prolonger les mandats des élus, comme les municipales de 1992 qui ont été repoussées jusqu’en 1996. Les législatives de 2012 ont également été décalées d’un an, et celles prévues pour 2018 se sont tenues en 2020. Ces ajustements ne sont pas seulement des ajustements administratifs, mais des outils stratégiques qui permettent au président Biya de maintenir un contrôle étroit sur le paysage politique camerounais.
L’opposition, menée par des figures comme Jean-Michel Nintcheu, accuse le gouvernement de manipuler le calendrier électoral pour affaiblir ses adversaires, notamment Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Cette accusation est soutenue par des critiques sur le coût et la justification des reports, considérés comme des manœuvres pour éviter une compétition électorale réelle et démocratique.
Vers une élection présidentielle déterminante
À l’approche de la présidentielle de 2025, les ajustements du calendrier continuent d’alimenter les débats et les tensions politiques. Alors que le gouvernement défend ses décisions comme des mesures nécessaires pour une meilleure organisation, l’opposition y voit des tentatives de manipulation pour préserver le pouvoir en place. La présidentielle de 2025 promet d’être un tournant important autant pour le Cameroun que pour l’avenir de ses institutions démocratiques.