Cameroun : le leader séparatiste Lucas Ayaba Cho arrêté en Norvège


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L’arrestation en Norvège de Lucas Ayaba Cho, leader séparatiste anglophone, soulève des questions fondamentales sur l’avenir du conflit au Cameroun.

L’arrestation en Norvège de Lucas Ayaba Cho, l’un des leaders les plus radicaux du mouvement séparatiste anglophone au Cameroun, a fait l’effet d’une bombe. Alors que la crise anglophone, qui secoue le pays depuis 2017, s’enlise dans un conflit armé, ce développement judiciaire soulève de nombreuses questions. Qui est vraiment Lucas Ayaba Cho, et quelles pourraient être les conséquences de cette arrestation sur le terrain, notamment pour les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ?

Lucas Ayaba Cho : Un leader de la rébellion anglophone

Depuis le début du conflit armé en 2017, le nom de Lucas Ayaba Cho est indissociable de la lutte pour l’indépendance des régions anglophones du Cameroun. Issu de Bamenda, capitale de la région du Nord-Ouest, il s’impose rapidement comme l’un des principaux chefs de file du mouvement séparatiste. Sous son impulsion, l’Ambazonia Defence Force (ADF) voit le jour, une milice armée opérant principalement dans les forêts frontalières avec le Nigeria. Ce groupe est rapidement devenu tristement célèbre pour ses attaques contre les forces de l’armée camerounaise et ses exactions contre les civils.

Ayaba Cho, depuis sa base à l’étranger, a toujours prôné la lutte armée comme moyen de parvenir à l’indépendance de l’Ambazonie, entité autoproclamée des régions anglophones du Cameroun. Sa radicalité et ses appels à la violence ont souvent fait de lui un acteur controversé, aussi bien dans la sphère politique que civile.

Une arrestation pour incitation à des crimes contre l’humanité

Le 25 septembre 2024, la police norvégienne a annoncé l’arrestation de Lucas Ayaba Cho pour « incitation à des crimes contre l’humanité ». Selon les autorités norvégiennes, il est accusé d’avoir incité à des actes criminels commis au Cameroun, dans le cadre de la rébellion séparatiste. Cet acte, salué par les autorités camerounaises, est perçu comme une avancée majeure dans la coopération judiciaire entre la Norvège et le Cameroun.

L’arrestation de ce leader pourrait-elle annoncer une réduction des violences dans les régions anglophones ? Amadou Tarnteh, de l’ONG Conscience Africaine, estime que ce geste peut apaiser les souffrances des populations locales, largement prises en étau entre les forces séparatistes et l’armée régulière. Néanmoins, la communauté internationale reste prudente quant aux conséquences réelles de cet événement.

Extradition ou protection : Un avenir incertain pour Ayaba Cho

La question qui demeure en suspens est celle de l’extradition de Lucas Ayaba Cho vers le Cameroun. La comparaison avec Julius Ayuk Tabe, un autre leader séparatiste condamné à la perpétuité en 2019, semble évidente. Cependant, le cas de Lucas Ayaba Cho est plus complexe. Ayaba Cho possède désormais la nationalité norvégienne, et aucun accord d’extradition n’existe actuellement entre la Norvège et le Cameroun.

Cette situation juridique floue pourrait empêcher son transfert à Yaoundé, malgré les pressions du gouvernement camerounais. Cependant, même si son extradition n’est pas garantie, l’arrestation d’Ayaba Cho pourrait affecter le moral de ses partisans et ébranler la structure de l’ADF, laissant entrevoir une possible diminution des activités armées dans les zones en conflit.

Quelles conséquences pour la crise anglophone ?

L’arrestation de Lucas Ayaba Cho marque une étape importante dans la crise anglophone, mais elle ne constitue pas pour autant la fin du conflit. Si certains analystes estiment qu’une telle action pourrait fragiliser le mouvement séparatiste, d’autres craignent qu’elle ne provoque un regain de violences, avec des factions armées cherchant à montrer leur force en l’absence d’un leadership clair.

Le Cameroun, déjà confronté à de nombreux défis sécuritaires et économiques, pourrait voir dans cette arrestation une opportunité de renforcer les efforts de dialogue, bien que les tentatives précédentes aient souvent échoué face à l’intransigeance des séparatistes. Néanmoins, cette nouvelle donne incite à l’espoir d’une éventuelle résolution de la crise, ou du moins à une réduction des tensions dans les régions anglophones.

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