La sortie médiatique faite dimanche par le conseiller spécial du Président Paul Biya, Luc Sindjoun, vient prouver que contrairement aux apparences, le régime de Yaoundé a été profondément choqué par la décision du MRC de ne pas participer aux élections du 9 février. Dans son long réquisitoire, le proche de Paul Biya est abondamment revenu sur la décision du MRC, traduisant ainsi toute l’amertume du RDPC. Côté MRC, la réponse a été prompte.
Visiblement, le MRC et son président, Maurice Kamto, ont pris de court le camp Biya en décidant, contre toute attente, en novembre dernier, de boycotter les élections prévues pour le 9 février 2020. C’est ce qui ressort des propos du conseiller spécial du Président Paul Biya, publiés par ABK Radio, un mois après le scrutin. S’étant jusque-là à peine prononcé sur la décision du MRC au sujet du scrutin, le pouvoir de Yaoundé a fini par se vider. Et il l’a fait par le truchement d’un très proche du président de la République, Luc Sindjoun, conseiller spécial de Paul Biya et membre titulaire du comité central du RDPC. Donc, une voix autorisée. Dans une longue tribune de sept points publiée à ABK Radio, le dimanche 8 mars 2020, l’homme s’en prend, sans le nommer, presque exclusivement au MRC.
« Le débat sur l’opportunité de la tenue des élections législatives et municipales était un faux débat (…) C’est le président de la République, en tant que garant de l’ordre, de la tranquillité et de la sécurité publique, qui est bien placé pour apprécier si les conditions sont réunies pour permettre le déroulement serein des élections législatives et municipales », a-t-il avancé, dans un premier temps, avant de poursuivre : « Il est surprenant que des personnes de bonne ou de mauvaise foi, n’ayant pas le même niveau d’information que le président de la République sur l’état de la nation, aient choisi de douter de l’opportunité de la tenue des élections, sans apporter le moindre commencement de preuve pour soutenir leur thèse ».
Plus loin, Luc Sindjoun affirme : « Le débat sur la participation ou non aux élections législatives et municipales du 9 février est un débat surprenant et anachronique, surtout parce qu’il est initié par une opposition dite démocratique et républicaine. Dans une démocratie, l’élection est considérée comme le seul jeu politique possible. Dès lors, lorsqu’un parti politique qui aspire à gouverner, à effectuer “le changement dans la paix”, décide de boycotter les élections, c’est-à-dire le rendez-vous avec le peuple souverain, il est légitime de se poser des questions, de se demander par quelle voie, il se trouvera en situation de gouverner (…) L’appel au boycott des élections est rétrograde par rapport à l’histoire de la démocratie ».
La réponse du MRC au conseiller spécial du président de la République n’a pas tardé à venir. C’est par son troisième vice-président, Me Emmanuel Simh, que le parti a exercé son droit de réponse, ce mardi, par le même canal. De ladite réponse, on peut retenir en substance : « Il n’y a pas que l’urne qui est une preuve de démocratie, la manifestation aussi le prouve. Nous sommes aujourd’hui le parti accusé de tout. Nous restons un parti de paix, un parti arc-en-ciel qui milite pour l’unité des Camerounais. On a déclaré notre mort, mais je peux vous rassurer que le MRC est en vie et se porte bien (…) Le MRC a toujours prôné l’alternance dans la paix, et notre slogan c’est le changement dans la paix et ça ne reste pas un slogan. C’est aussi une manière de vivre. Même lorsque nous avons lancé le boycott, nous avons demandé à nos militants de rester chez eux, de ne pas manifester ».