Le temps des 48èmes Assises internationales de la presse francophone, le cœur des médias va battre à Yaoundé du 18 au 22 novembre 2019.
Le Cameroun est particulièrement honoré d’abriter ce rendez-vous unique au monde pour la seconde fois en dix ans. Sous l’impulsion du président de la République, le Cameroun a depuis trois décennies ouvert les vannes de la démocratie et de son adjuvant, la liberté de la presse. Favorisant une éclosion remarquable des médias. On dénombre à ce jour au Cameroun plus de 600 titres de presse écrite, près de 200 stations de radio et plus d’une cinquantaine de chaines de télévision. Tous ces organes donnent à lire, à écouter et à voir tout sur tout. En liberté. Et malgré les dérives d’une frange qui ne fait pas toujours honneur à ce noble métier et des griefs qui peuvent légitimement être formulés. L’influence grandissante des réseaux sociaux précipite les médias traditionnels à la croisée des chemins, à la lisière d’un big bang. Voire d’une année zéro où tout serait à refaire. Le thème fort évocateur de vos Assises, « journalisme d’émotion, journalisme d’information ? », en dit long sur les défis qui interpellent les médias aujourd’hui, pris au piège de la course à l’audience, happés par l’émotion au risque de faire dérailler l’information. Je suis convaincu que vous saurez tirer avantage des Assises de Yaoundé pour réinventer de nouvelles pratiques professionnelles. », avait indiqué Dr Joseph Dion Ngute, Premier ministre, Chef du gouvernement camerounais, dans son mot lors de la cérémonie d’ouverture le mardi 19 novembre 2019 à Yaoundé.
Selon Madiambal Diagne, président de l’UPF, « Ces 48èmes Assises nous permettront de discuter du journalisme et de l’émotion. Au vu des nouvelles que nous recevons à longueur de journée partout dans le monde, le constat unanime est que l’émotion a une emprise sur l’information. Dans un monde du spontané et de l’instantané, l’information a fini par être un ressenti transmis, une somme d’impressions. Les faits n’intéressent que pour leur capacité à émouvoir, entraîner des réactions indignées en cascade. L’analyse et la pensée, essentielles dans tout exercice démocratique critique, sont domptées, bien rangées voire reléguées à des valeurs secondes que viendra dissiper la prochaine douche d’émotions venant avec une nouvelle. Cette question d’un dysfonctionnement du journalisme par le rapport avec l’émotion se pose à tous les professionnels des médias, tant le rôle des médias pour comprendre et analyser de façon lucide dans les démocraties est essentiel. Les faits teintés d’émotion sont perceptibles avec autant de prismes que d’individus.»
Pour cette édition qui accueillie environ 400 participants, dont 250 étrangers et plus de 100 camerounais, le thème porte sur « Journalisme d’émotion, journalisme d’information ? ». A en croire Madiambal Diagne, président de l’UPF, cette réflexion part du constat selon lequel avec la fragmentation des audiences et l’avènement des réseaux sociaux, les journalistes semblent plus friands de sensationnel. Ce qui pose un problème aux fondamentaux du métier. Cette rencontre internationale vise donc à recentrer le débat au regard de ces évolutions. Plusieurs tables rondes et ateliers vont meubler ces assises. De nombreuses thématiques seront abordées.
L’émotion dans les médias, frein ou atout pour l’information ? Couverture des grands mouvements populaires, objectivité de l’information, subjectivité de l’émotion et journalisme d’investigation : du droit absolu à l’information. Pour ce faire, des professionnels et des enseignants de journalisme venus d’une vingtaine de pays vont entretenir les participants.
Fondée en 1950, l’Union internationale de la presse francophone (UPF), est la plus ancienne association francophone de journalistes. Elle est une organisation internationale non-gouvernementale (OING) reconnue par de grandes organisations internationales, telles que l’ONU, l’UNESCO et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Depuis le 22 novembre 2014, elle est présidée par Madiambal Diagne (Sénégal) et son vice n’est autre que le camerounais Aimé Robert Bihina, par ailleurs président de l’UPF-Cameroun. L’UPF regroupe plus de 3000 journalistes, responsables et éditeurs de la presse écrite et audiovisuelle. Ils sont répartis dans 110 pays ou régions du monde.
« Dans une époque caractérisée par l’impatience, la fragmentation des audiences, l’emballement médiatique, la circulation circulaire de l’information, selon la formule de Bourdieu, il y a télescopage entre deux logiques : la course à l’audience et l’impératif de crédibilité. Du remue-méninges de Yaoundé jaillira certainement la lumière qui va éclairer nos pas pour l’avenir », avait déclaré Aimé Robert Bihina, président de l’UPF-Cameroun.