Cameroun : la manifestation du MRC initialement autorisée, est finalement interdite


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Maurice Kamto, patron du MRC
Maurice Kamto, patron du MRC

Le lundi dernier, nous avions publié un article dans lequel nous nous posions la question de savoir si le Cameroun allait vers un dégel total dans la crise politique qui le secoue. Eh bien, les derniers événements en cours dans le pays sont de nature à nous convaincre du contraire.

Au titre des actes posés par le régime de Paul Biya qui ont pu faire croire à une volonté de l’exécutif camerounais de favoriser le dénouement de la crise politique, il y avait la libération de plusieurs détenus politiques parmi lesquels celui qui se considère comme le « président élu », Maurice Kamto, et surtout l’autorisation à manifester publiquement le 1er novembre, délivrée au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) par le sous-préfet de l’arrondissement d’Ebolowa II, le lundi 28 octobre 2019 ; lire Cameroun : vers un dégel total de la situation politique ?

Quelques heures se sont à peine écoulées après cette autorisation que Obam André Francis revient sur sa décision, sortant dans la même journée du lundi une contre-décision pour annuler la première. Raison avancée : « menaces de troubles à l’ordre public (tensions, provocations et affrontements entre les deux camps ». En effet, après le MRC, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a programmé le même jour, à la même heure et au même lieu une manifestation. Le sous-préfet s’est donc appuyé sur cela pour interdire les deux manifestations. N’est-ce pas une manœuvre conçue pour faire habilement annuler la sortie du MRC à laquelle beaucoup d’observateurs prévoyaient déjà un franc succès, dans cette partie du Cameroun (la région du Sud) présentée comme un bastion du parti au pouvoir ? La bonne volonté du gouvernement camerounais que nous avions soulignée lundi dernier n’est-elle finalement qu’un leurre ?

En tout cas, comme il l’avait déjà démontré en janvier dernier, Maurice Kamto n’est pas homme à se laisser démonter par pareille interdiction. S’exprimant hier à l’occasion d’une réunion des femmes du MRC organisée au siège du parti par Barrister Mispa Awasum, présidente de l’Organisation des femmes du MRC, le leader de l’opposition camerounaise a confirmé la tenue de la manifestation aux date, lieu et heure initialement prévus, ainsi que tous les autres meetings dont les dates sont déjà annoncées. Il s’agit notamment des sorties de Yaoundé (2 novembre) et de Douala (9 novembre). Il précise par ailleurs qu’il présidera personnellement chacune de ces rencontres. L’avocat et professeur de droit ne redoute pas d’être à nouveau embastillé. « S’il faut que je retourne à Kondengui, je retournerai à Kondengui », a-t-il laissé entendre. Affaire à suivre donc.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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