Après Yaoundé, les autorités de la ville de Douala ont réussi à mettre les mototaximen au pas en les contraignant à respecter un plan de circulation qui les prive d’accès à certains quartiers. La présence de la police avec un dispositif de guerre en a dissuadé plus d’un évitant le clash tant attendu.
(De notre correspondant)
Plus d’une semaine après l’entrée en vigueur de la loi limitant l’accès des mototaximen (benskinneurs) à certains quartiers de Douala, la police veille au grain. Habillés de noir et dotés de tout l’arsenal anti-émeutes, les policiers tiennent leur position aux principaux carrefours de la ville. Ils sont appuyés par des car anti-émeutes prêts à rugir, positionnés aux points stratégiques de la ville et à la vue de tous les passants. Tout regroupement de moto est immédiatement dispersé. Les autrefois benskinneurs les plus belliqueux semblent avoir baissé la garde.
« Il y a des trembleurs parmi nous et ce n’est pas moi qui vais aller mourir pour les autres. On projette quelque chose et le lendemain, tu apprends le contraire. Tout le monde a subitement peur de la police », confie un mototaximan. Ces propos résument l’état d’esprit des mototaximen et les contradictions observées depuis le début de ce mois parmi ce corps de métier. Les policiers stationnés et prêts à mater toute velléité de contestation procèdent en plus à la vérification de la carte d’identité et du permis de conduire des conducteurs interpellés.
Respect de la réglementation
En effet, les autorités de la ville de Douala ont pris le mois dernier la décision de réglementer la circulation des motos dans la ville. Trois nouveaux quartiers, Bonapriso, Bali et Koumassi sont désormais interdits d’accès aux benskinneurs. Rejoignant ainsi Bonanjo et Deido qui avaient déjà fermé leurs portes aux engins à deux roues. Le délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Douala annonce que de nombreux autres quartiers, notamment ceux situés dans les arrondissements de Douala 4 et 57 seront eux aussi interdits d’accès aux motos.
L’annonce de cette décision avait irrité les conducteurs de motos qui avaient promis des soulèvements et des actes de vandalisme dans la ville. Quelques-uns avaient même commencé à détruire des panneaux de signalisation sur des axes routiers. Les autorités de la ville ont alors déployé policiers et dispositif anti-émeute pour dissuader et mâter toute tentative de soulèvement. Depuis lors, toute moto prise en flagrant délit de circulation dans les zones interdites est mise en fourrière et n’est rétrocédé à son propriétaire qu’après paiement d’une forte amende. Le délégué du gouvernement annonce par ailleurs que l’opération va se poursuivre jusqu’à l’application du décret du Premier ministre datant de 2008 qui règlemente cette profession au Cameroun. Le temps est donc laissé aux conducteurs des engins à deux roues de se conformer à ce décret qui conditionne entre autres l’exercice de cette profession à la possession de nombreux documents pas à la portée du premier venu.
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