Cameroun : l’Opération Epervier fond sur l’affaire « Albatros »


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L’opération camerounaise de lutte contre la corruption, Epervier, a fait une nouvelle victime dans les plus hautes sphères de la République. L’ex-secrétaire général à la présidence de la République Jean-Marie Atangana Mebara dort depuis vendredi dernier en prison dans le cadre de l’affaire « Albatros », du nom de l’avion présidentiel.

De notre correspondante au Cameroun

Jean-Marie Atangana Mebara passe depuis vendredi dernier ses nuits dans une cellule de Kondengui, la prison centrale de Yaoundé. Après Polycarpe Abah Abah, ex-ministre des Finances, Urbain Olanguena Awono, ex-ministre de la Santé, l’Opération Epervier – qui lutte depuis quelques années contre la corruption – a mis derrière les barreaux l’une des anciennes têtes du régime du président camerounais Paul Biya.

Cinq chefs d’inculpation

Selon certaines indiscrétions policières, cinq chefs d’accusation pèsent sur l’ex-secrétaire général à la présidence de la République (SGPRC) : « détournement de deniers publics, tentative de détournement de deniers publics, complicité de détournement de deniers publics et faux et usage de faux ».

Jean-Marie Atangana Mebara est inquiété dans l’affaire « Albatros », du nom de l’avion présidentiel. L’ex-SGPRC s’était occupé du dossier d’achat auprès d’une firme dénommée Aircraft Portofolio Management (APM). Mais le procureur de la République a décelé des manquements de cette entreprise dans l’exécution de ses engagements.

Pour rappel, après l’achat de l’aéronef en 2004, une panne subite est survenue lors du premier voyage de Paul Biya. Le pilote, dans l’embarras, avait été obligé d’atterrir à Douala afin de faire quelques vérifications. Depuis lors, le président Biya n’a plus voyagé avec cet avion.

Affaire « Albatros », un coup de force ?

Certains estiment que l’incident serait la conséquence de forts pots de vins qui auraient été versés à l’achat de l’avion. D’autres évoquent la thèse d’une tentative d’élimination physique de Paul Biya. Une tentative qui aurait été orchestrée par la « Génération 2011 » (G11) – le nom donné aux personnes susceptibles de remplacer Biya à la fin de son mandat en 2011, et parmi lesquelles figurent Polycarpe Abah Abah et Urbain Olanguena Awono.

Jean-Marie Atangana Mebara a été ministre de l’Enseignement Supérieur de 1997 à 2002. « Le Grand Cop’s » ou « Le Cop’s des Cop’s », comme aimaient l’appeler les étudiants, a marqué son passage dans ce ministère par sa volonté non feinte de valoriser le statut de l’étudiant. Il sera ensuite, de 2002 à 2006, secrétaire général à la présidence de la République où, dit-on, il aurait usé de son pouvoir pour commettre de nombreux abus. Pour finir, de 2006 à 2007, il occupera le poste de ministre des Relations Extérieures avant d’être limogé lors du dernier remaniement ministériel.

D’autres hauts responsables sur la sellette

Agé de 54 ans, Jean-Marie Atangana Mebara est le deuxième secrétaire général de la présidence de la République mis en cause dans une affaire de détournement de deniers publics. En effet, Titus Edzoa est détenu au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) depuis onze ans pour ce motif. Il avait été condamné en 1997 à 15 ans de prison après sa démission du gouvernement comme ministre de la Santé.

D’autres personnalités seraient dans le collimateur de l’Epervier : on annonce que, dans les prochains jours, l’ex-directeur général de la défunte Cameroon Airlines (Camair) Yves-Michel Fotso et le premier ministre Inoni Ephraim pourraient être entendus devant la direction de la police judiciaire.

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