Anthanasius vershiyi, récupère les déchets solides à qui il donne des formes artistiques. Son art s’inscrit dans la promotion du développement durable à travers l’éducation et la renaissance des métaux.
(De notre correspondant)
Le visiteur qui rentre dans l’atelier d’Anthanasius Vershiyi au village Bonendalé dans l’arrondissement de Douala 4è est tout de suite frappé par son décor féérique qui frise une foire d’atelier de récupération. Divers morceaux de fer, accessoires de téléviseurs ou d’ordinateurs, carlingues, tuyaux d’échappement, réservoir ou roues de véhicules usagées, bref des morceaux de métaux de toutes sortes et dimensions occupent les différentes pièces. A quelques uns, Anthanasius a donné des formes artistiques qui renvoient à une signification précise. Le maître des lieux déborde toujours d’énergie pour satisfaire en explication ses visiteurs.
« Là il s’agit d’une architecture de scène, avec en premier plan le chanteur et tout autour de lui, en arrière plan les différents musiciens, chacun jouant de son instrument. A l’extrême gauche, c’est la crèche de noël avec tout ce qu’elle comporte en présence des rois mages qui visitent l’enfant Jésus. Sur la table, ce sont des objets de décoration qu’on trouve généralement dans des maisons chics. Dans la pièce du fond à l’extrême droite, ce sont des oiseaux de tailles et variétés différentes… », explique à chaque fois l’artiste qui a fait de la sculpture du métal récupéré dans la nature son activité principale.
Le génie du créateur saute aux yeux. Le squelette des oiseaux est constitué comme pour les musiciens de métaux assemblés pour obtenir une forme particulière. L’artiste a pour principaux outils, outre le métal, des vitres, le matériel de soudure et de forge.
Participer au développement durable
Anthanasius présente l’atelier qu’il baptise « La voyelle internationale », comme un laboratoire de recherche à la création de l’art contemporain. « C’est aussi un lieu de redynamisation et de résurrection sociale sans restriction où nous valorisons les ressources humaines et les matières premières disponibles localement, développons les activités économiques innovantes afin de sensibiliser le public autour de la gestion environnementale concertée en proposant des services de proximité, créateurs de lien social », soutient l’artiste dans le dépliant de présentation de ses activités.
L’artiste sculpteur pense que les ressources aujourd’hui disponibles pourraient disparaître au rythme de leur utilisation et échapper aux générations futures. Pour les protéger et les pérenniser, il collecte les métaux abandonnés dans la nature ou auprès des mécaniciens et autres techniciens.
« C’est à ce niveau que commence le volet éducation, car j’explique à mes interlocuteurs le bien fondé de cette récupération qui contribue à assainir l’environnement », explique Anthanasius. Une fois dans son atelier, les objets qui sont triés et nettoyés. Une infirme partie qu’il ne peut transformer est renvoyée chez les collecteurs de ferrailles. « La collecte est un moyen pour moi d’approcher les gens, faire passer mon message et partager des moments avec eux. Je donne ensuite des formes d’expression artistique que je crée pour valoriser ces déchets qui n’étaient plus utiles. Et ce faisant, je débarrasse la terre de déchets » explique Anthanasius Vershiyi.
Le sculpteur dessine par ailleurs des tableaux sur des sacs destinés à la poubelle ou monte des miroirs protégés par du caoutchouc prélevés sur les roues usées de véhicules. Des visiteurs achètent ces objets, mais pour l’artiste, la vente n’est pas sa première motivation. Celui qui dit être artiste depuis qu’il a commencé à voir, reconnaît s’être perfectionné pendant son long séjour en Europe auprès d’Ambroise Mono, Nicolas Bell, Bruno Pensart ou encore Xavier Chilini et l’association Interloque à Paris. « Mon ambition, c’est de marquer l’histoire artistique, constituer un catalogue d’œuvre engagé pour les générations futures », soutient Antanasius, qui pense être sur la bonne voie grâce au travail sans relâche.