Cameroun : l’aide humanitaire bloquée à 50 kilomètres du camp des refugiés de Ngam


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L’existence sporadique de voies de communication complique grandement la tâche et la coordination des nombreuses associations humanitaires qui œuvrent déjà sur le terrain. Si rien n’est fait, l’aide humanitaire ne pourra plus être acheminée aux 4000 réfugies centrafricains de Ngam.

A Mbarang II (Adamaoua-Cameroun)

Mbarang II, petit village située à 35 kilomètres de l’arrondissement de NGAN-HA. Nous sommes à 21 kilomètres du goudron sur l’axe Meiganga-N’Gaoundéré. En cette saison pluvieuse, la piste qui tient lieu de route et mène au camp des refugiés centrafricains de Ngam est presqu’inaccessible : boue, nids de poules et la broussaille qui envahissent de part et d’autres la voie. Tic-tac,tic-tac, à bord d’une guimbarde qui tient à peine la route, Audrey, le chauffeur tente de nous rassurer sur la fiabilité de son véhicule. A peine, nous roulons sur une vitesse de 20 kilomètres par heure. La piste Gbata, Mbarang, Ngan Hi, Daboldé, Pitoa, Nandéké, Meïdougou, Kaka, Pama, Mbale, Béka est réputé très dangereuse. Coupeurs de route et Boko haram y sévissent. L’insécurité dans cette zone de savane constitue l’un des obstacles au déploiement de l’assistance humanitaire à Ngam. Dans certains cas, l’accès humanitaire est limité par la qualité des infrastructures routières et le manque de moyens de déplacement adapté, comme en période de pluie. A Ngam, les capacités de stockage et de transport demeurent encore faibles pour assurer la chaîne d’approvisionnement en intrants.

Ce vendredi matin, les populations du petit village de Mbarang II se sont levées sous une pluie diluvienne, pour prêter secours a un convoi d’aide humanitaire du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Trois semi-remorques transportant de l’aide humanitaire, parties de Yaoundé, la capitale camerounaise, à 710 kilomètres, environ 8 heures 43 minutes de voyage sont coincées dans un mât de boue. Une vingtaine de villageois, armés de pelles et pioches, tentent de libérer le gigantesque engin du magma de boue. « C’est comme ça que nous nous débrouillons pour sauver nos frères, réfugiés centrafricains qui sont au camp de Ngam. Si nous ne libérons pas ces engins, ils n’auront plus rien à manger là-bas », déclare Abdoullaye Nana, le deuxième adjoint du Maire de Meiganga, qui nous accompagne.

La piste qui mène au Camp des réfugiés de Ngam est escarpées d’obstacles divers qui rendent le parcours pénible. Visiblement abattu, le chauffeur accélère à fond sous les hourras des villageois. La piste est complètement coupée. Tous les passagers des véhicules en provenance de Meiganga sont contraints de descendre pour porter main forte aux véhicules coincés dans la boue. « Sur cette route, la solidarité est la règle d’or pour tout passager », lance Ibrahim Oumou, un sexagénaire qui a fait venir son chameau pour évacuer le véhicule. Apres deux heures d’effort vain, nous nous résolvons d’attendre l’arrivée du soleil qui viendra sécher la boue et libérer le convoi.

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