John Fru Ndi, le leader du Social Democratic Front (SDF), l’opposition historique au Cameroun, a été mis en examen, mardi, pour « complicité d’assassinat, blessures simples et blessures légères ». Il est accusé d’être impliqué dans la mort de Grégoire Diboulé, un militant dissident du SDF, survenue à la suite de violences au siège provincial du parti, le 26 mai dernier, à Yaoundé.
John Fru Ndi, le président du Social Democratic Front (SDF), le principal parti d’opposition camerounais a été inculpé, mardi, par Lavoisier Kwangue Kwangue, le procureur du tribunal de grande instance de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Le « chairman », comme on le surnomme, a été mis en examen pour «complicité d’assassinat, blessures simples et blessures légères » dans l’affaire du meurtre de Grégoire Diboulé, alors secrétaire à l’organisation du SDF. Son corps avait été abandonné sur la route à quelques mètres d’un hôtel de la ville.
Le militant a trouvé la mort, dans la matinée du 26 mai 2006, au siège provincial du mouvement politique à Yaoundé, lors de heurts opposant les deux factions rivales nées « officiellement » au sein du SDF depuis février 2006. Grégoire Diboulé appartenait à l’aile dissidente du parti, menée par Me Bernard Muna, qui avait décidé d’organiser son propre congrès en mai dernier, à Yaoundé, leur fief. Parallèlement à celui tenu à Bamenda (nord-ouest du pays) par les fidèles de John Fru Ndi.
Un mouvement à deux têtes
Les deux tendances qui s’affrontent aujourd’hui au sein du SDF se déchirent sur la capacité de leur chef historique à assumer encore le leadership du parti. Les dissidents ne font plus mystère de leur préférence : ils ont élu leur chef de fil comme président à leur congrès. Comme pour sonner le glas d’une époque où Ni John Fru Ndi (Ni signifie « notable respectable ») incarnait les espoirs de tous les déçus de Paul Biya, l’actuel Président camerounais.
Si John Fru Ndi est ressorti libre de son audition, à laquelle il s’était présenté très serein, ce n’est pas le cas de ses co-accusés. Ils sont une vingtaine de militants du SDF, mis en examen le 11 juillet pour complicité de meurtre, à être en détention préventive dans la prison de Kodengui à Yaoundé. Le charismatique fondateur du SDF risque néanmoins l’emprisonnement à vie.