Malgré le décès, des suites de noyade, du jeune NjangaNdedi (26 ans), le dimanche 5 décembre, pendant la messe des eaux et son corps retrouvé hier lundi, après de multiples fouilles dans le fleuve Wouri, lieu mythique de la célébration du « Ngondo », qui n’est autre qu’une grande fête culturelle Sawa, la page vient d’être tournée.
Le jeune homme faisait partie de l’équipe accompagnant la pirogue Ndjebalé qui a remporté la course des pirogues du Ngondo 2021. C’est dans l’euphorie de cette victoire qu’il a voulu célébrer à sa façon. Il va donc faire un plongeon dans les eaux du Wouri pour ne plus en ressortir vivant. Le festival de ce peuple rencontré dans le littoral, le Sud-Ouest et une partie du Sud, débuté il y a deux semaines, a été marqué par des activités à caractère culinaire, des danses patrimoniales, des compétitions diverses.
L’alternance à la tête de l’association culturelle a été l’un des points cruciaux à l’ordre du jour. A cette occasion, on a assisté comme par le passé, à la messe de l’eau. De cette célébration est sorti le message des ancêtres axé sur le patriotisme et la défense des biens du peuple Sawa, à la fois au plan local et national. Dirigé depuis deux ans par le roi des Bell, Sa Majesté Jean Yves Eboumbou Manga Bell, le Ngondo voit, aujourd’hui, l’arrivée du roi des Deido en la personne de Sa Majesté Frédéric Ekwalla Essaka qui va conduire le Ngondo pour les deux prochaines années.
« Le Ngondo est devenu l’un des Festivals culturels incontournables au Cameroun et même en Afrique Centrale. Mais, la messe des eaux de dimanche a été entachée d’une note triste et cela suscite beaucoup d’interrogations, surtout, quand on sait que tous les compétiteurs à la course des pirogues sont d’excellents nageurs. D’où mon total étonnement ! Est-ce à dire que « l’eau n’a pas d’amis ? », ou que ce sont les ancêtres qui auraient provoqué ce drame, afin que nous puissions en tirer des leçons ? », s’exprime un riverain.
En guise de rappel, la fête traditionnelle camerounaise dénommée Ngondo est célébrée par les peuples Sawa au bord du fleuve Wouri, à Douala, pendant la période de fin d’année. Cette fête voit le jour à Montréal pour la première fois en 2009 par l’événement « Ngondo ô Canada 2009 », sous la coordination du président du Ngondo, sa majesté le prince René Douala Manga Bell. Cette fête se caractérisant par des rituels et des processions liées à l’environnement, le Ngondo attire la curiosité d’un très grand public.
A l’origine, cette fête était un rassemblement des enfants Sawa pour prendre des mesures de protection contre tout envahisseur. Mais au fil des années, le Ngondo s’est transformé en une grande cérémonie rituelle pour communiquer avec les ancêtres et les génies de l’eau, les « Jengu », qui, selon la légende, vivent dans l’eau, et pour demander leur protection. Le jour de la rencontre avec les ancêtres, les chefs et leurs notables se rendent sur les berges du Wouri, en tenue d’apparat (chemise blanche, pagne noir, un foulard autour du cou pour les hommes et un kaba, robe traditionnelle, pour les femmes).
Le message des ancêtres est recueilli par un plongeur dans un vase sacré et lu à toute l’assemblée réunie sur la rive du fleuve. Beaucoup de témoins peuvent attester que ce plongeur ressort de l’eau entièrement sec, car protégé par les Jengu… Cette cérémonie est également l’occasion d’élire la Miss Ngondo, d’organiser un spectacle de danses traditionnelles et une course de pirogues sur le Wouri.