Les autorités camerounaises ont annoncé, mardi, la disparition de soldats dans la presqu’île de Bakassi que se disputent le Cameroun et le Nigeria. Cependant l’identité des kidnappeurs ainsi que leurs motivations n’ont pas été révélées. L’opinion publique camerounaise s’interroge.
Notre correspondante à Yaoundé
Un communiqué signé du chef d’Etat major des armées, le Général de division René Claude Meka, indique qu’une embarcation camerounaise a été l’objet d’une attaque des pirates dans la presqu’île de Bakassi le lundi 9 juin vers 11 heures. Selon ce communiqué, l’embarcation comptait 9 personnes dont le sous-préfet de Kombo à bedimo, Fonya Félix Morfan, un officier supérieur et 7 autres éléments de forces de défense et de sécurité. Les occupants de l’embarcation ont disparu ainsi que leurs armes. Toujours d’après le communiqué, les gendarmes accompagnaient une mission du sous préfet de Kombo à bedimo qui devait récupérer une pêcherie dans laquelle auraient été cachées des armes.
L’expédition visait donc à protéger ces armes afin qu’elles ne tombent pas dans les mains des pirates. Le communiqué du chef d’état major précise que les attaques similaires ont été orchestrées dans plusieurs espaces maritimes africains et seraient des activités relevant du terrorisme international. Mais l’opinion nationale se demande ce qui motive ces précisions des forces de défense camerounaise et surtout qui se passe réellement à Bakassi.
Un territoire très disputé
Ces attaques réactualisent le conflit entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de la péninsule. Le 12 novembre 2007 déjà, 21 soldats camerounais ont été tués au cours d’une attaque dont les circonstances ne sont toujours pas élucidées. Cependant, en attendant des éclairages sur ces disparitions, l’opinion nationale s’inquiète de l’issue de cette affaire. D’autant plus que le 14 août prochain, la presqu’île de Bakassi doit revenir totalement au Cameroun selon les accords de Greentree signé le 12 juin 2006 aux Etats-Unis par les présidents Paul Biya et Olusegun Obasanjo. Dans ces accords, les deux présidents s’engageaient, entre autres, à résoudre le conflit de Bakassi de façon pacifique. Et le Nigeria a donné mardi des signes de bonne volonté. La Haute cour de justice du Nigeria a débouté mardi huit habitants de la péninsule de Bakassi qui souhaitaient qu’elle suspende la rétrocession de ce territoire au Cameroun.
En plus des « enlèvements » de lundi, certains médias annoncent également l’attaque le samedi 8 juin, d’un bateau de pêche camerounais à bord duquel se trouvaient 13 occupants, des commerçants pour la plupart en provenance du Nigeria. Ils auraient été blessés par des machettes et dépouillés de leurs biens.
Ces nouvelles attaques remettent sur le tapis le problème de la mise en exécution effective de la décision de la Cour internationale de Justice de La Haye qui confirme la souveraineté du Cameroun sur la péninsule de Bakassi.
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