Cameroun : élaboration à Douala d’un guide pastoral sur la migration en Afrique centrale


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Photo de famille
Photo de famille

La problématique de la migration en Afrique a été au centre du colloque de Douala. Ce , à la lumière de l’Evangile et de l’enseignement social de l’Eglise qui place l’Homme au centre de toute activité humaine. L’accent a été mis sur la sous-région de l’Afrique centrale, domaine de compétence de l’Acerac qui regroupe les conférences épiscopales du Cameroun, du Congo Brazzaville, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad.

L’Afrique est historiquement un continent d’intenses mobilités. Ses sociétés sont ancrées dans des dynamiques migratoires intra-régionales, intracontinentales et internationales aux rythmes et enjeux variés. Aujourd’hui, plus que par le passé, le phénomène migratoire en Afrique inonde l’actualité. Presque au quotidien, les médias relaient régulièrement les multiples drames humains des aventures périlleuses de la traversée du désert par une multitude de jeunes, hommes et femmes, qui espèrent trouver le bonheur loin de l’Afrique.

Les autorités
Les autorités

Ils et elles ne sont aucunement découragés par les naufrages à répétition des pirogues et des bateaux surpeuplés qui finissent leur trajet au fond de la méditerranée emportant avec eux de nombreuses vies. Ceux qui survivent au prix de nombreux sacrifices sont aussi en proie aux tracasseries policières si ce n’est le refoulement aux frontières. L’espoir s’émiette au jour le jour pour une large majorité qui, bien qu’arrivée en dehors de l’Afrique, fait face à des infortunes diverses dans les pays d’accueil. Et pourtant l’Afrique continue à se vider de sa jeunesse.

« Défis et perspectives pour une migration à visage humain »

Messe pontificale d’ouverture du colloque
Messe pontificale d’ouverture du colloque

Alors, face à cette situation désolante, l’association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale (Acerac), sous la houlette de Monseigneur Samuel Kleda, Archevêque Métropolitain de Douala, et par ailleurs responsable de la Commission pour les Migrants de l’Acerac et membre du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a brisé le silence en organisant du 12 au 17 juin 2023, à l’Institut universitaire Catholique Saint-Jérôme de Douala, un colloque international pour l’élaboration d’un guide pastoral sur le phénomène migratoire en Afrique centrale.

Les participants au colloque
Les participants au colloque

« Défis et perspectives pour une migration à visage humain ». C’est le thème qui a sous-tendu cette gastronomie académique, qui a connu la participation des enseignants, étudiants, chercheurs, experts, fidèles laïcs, prêtres, évêques et archevêques, venus des pays membres de l’Acerac (association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale), que sont : le Tchad, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo et le Cameroun. On a également noté la présence du Canada.

Des travaux en ateliers et plénières

Après l’ouverture solennelle de cette importante rencontre mardi, le 13 juin, les travaux s’étaient déroulés en ateliers et plénières, autour des points suivants :

  • La migration humaine : enjeux et défis dans un monde en pleines mutations
  • Mobilités dans la sous-région Afrique centrale : quels bouleversements dans les pays d’accueil et d’origine ?
  • La question de l’immigration entre Politique et Écologie : cadres de conceptions et modes de traitements
  • Migration féminine : décryptage d’un phénomène complexe et problématique en Afrique
  • Jeunesse et flux migratoires dans la sous-région Afrique centrale
  • Enchantement et désenchantement de la migration : de l’illusion à la réalité
  • Perceptions et vécus du drame dans les familles
  • Gouvernance et droit dans la résolution de la crise migratoire
  • Ce que gouverner la migration en Afrique centrale veut dire
  • La question migratoire dans la sous-région Afrique centrale : entre enjeux, politiques et stratégies de gestion
  • Droits et devoirs du migrant
  • Économie et migration
  • Conférence vidéo : pauvreté en face de l’abondance comme cause de la migration
  • Dimension socio-économique du phénomène migratoire
  • Insertion socio-professionnelle des jeunes diplômés en Afrique centrale et lutte contre l’immigration
  • La physionomie du migrant selon l’Église
  • Approche biblique et théologique de la migration
  • Nouvelle évangélisation et pastorale des migrants
  • Magistère du Pape François et Migration en parallèle avec l’histoire et la perspective pastorales de l’archidiocèse de Douala

Le continent se vide de son meilleur capital humain

Grande campagne biblique
Grande campagne biblique

Pour Monseigneur Samuel Kleda, « le continent africain se positionne dans le giron de la mondialisation comme porteur d’un écho paradoxal sur son identité et sa valeur. Il est relégué au dernier plan du développement humain intégral, alors qu’il dispose de multiples facteurs endogènes de croissance. Nous pouvons mettre en relief son gigantesque potentiel démographique, ses nombreuses ressources en matières premières considérables, le premier réservoir de terres arables du monde, etc.

C’est dire que l’Afrique n’est pas pauvre, elle est appauvrie ou victime par ses propres fils d’une « pauvreté anthropologique », selon une expression du très regretté Engelbert Mveng. Cette pauvreté est devenue une maladie sociale et se traduit entre autres par le fait que le continent se vide de son meilleur capital humain, sa jeunesse qui recherche l’eldorado ailleurs ».

Nouvelle évangélisation dans le domaine de la migration

« Le phénomène migratoire augmente d’année en année, de jour en jour. Mais, nous espérons que ce colloque a été une réponse ou bien un appel des évêques de la sous-région. Pour chacun d’entre nous, une conscientisation se développe. Que chacun de nous soit attentif à ce phénomène. Ce colloque que nous venons d’organiser, va nous orienter désormais pour une nouvelle évangélisation dans le domaine de la migration », avait-il conclu.

Grand conceert de musique religieuse 1
Grand conceert de musique religieuse 1

« Que l’Eglise et la famille jouent leurs partitions. Mais, tant qu’il y aura toujours un mauvais partage du gâteau national (la longévité au pouvoir et à la tête des sociétés, le favoritisme, le régionalisme, les détournements de deniers publics, l’impunité,…), je puis dire, sans risque de me tromper, que ce phénomène ne finira jamais, car personne ne peut voir la mort venir et rester sur place. Même si vous l’attachez avec de grosses chaînes, il va tout faire pour s’échapper », avait déclaré une chrétienne.

Vivre ensemble et manger ensemble

« Que l’ancienne génération songe déjà à passer le témoin à la nouvelle génération, et ce, de la meilleure des manières. Construisons notre pays, chacun avec le don reçu de Dieu. Retenons que la vie n’est belle que si nous pratiquons réellement le ʺvivre-ensembleʺ et le ʺmanger-ensembleʺ », avait-elle ajouté.

Selon Jean Baptiste Talla, Conseiller technique du CRS pour la justice et la paix en Afrique, « au terme de ces cinq jours de travaux intenses, nous devons passer de la ″tête au cœur”, c’est-à-dire mettre ces résolutions en application ». Pour joindre l’utile à l’agréable, il y avait une messe pontificale, pour le repos des âmes des migrants morts sur le chemin de leur aventure, une visite a été effectuée sur l’île de Manoka, sans oublier le grand concert de musique religieuse.

Lire : Immigration : retour au bercail de 250 migrants camerounais

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