Au Cameroun, plusieurs organisations de la société civile, dont Amnesty International, demandent la libération de six jeunes militants politiques arrêtés entre le 9 et le 11 septembre 2024, dans la ville de Figuil, située dans la région du Nord. Ces jeunes ont été interpellés, certains pour avoir porté des tee-shirts arborant des messages jugés subversifs par les autorités. Ces arrestations surviennent alors que la tension monte à l’approche de l’élection présidentielle.
Répression contre le mouvement « Pouvoir au peuple »
D’après des sources locales à Garoua, les militants arrêtés appartiennent à l’association « Pouvoir au peuple camerounais » (PPC). Ils sont accusés d’attroupement illégal, d’incitation à la révolte et de trouble à l’ordre public, selon l’ONG Nouveaux droits de l’Homme Cameroun. Ces accusations sont liées à leur participation à une manifestation non autorisée et au port de tee-shirts avec le slogan « pouvoir au peuple ». Un stock de ces tee-shirts aurait également été saisi chez l’une des personnes arrêtées.
Depuis leur détention, ces jeunes militants n’ont bénéficié d’aucune assistance juridique, déplore une autre organisation de défense des droits humains active à Garoua. Alors que l’élection présidentielle de 2025 approche, Amnesty International et les ONG locales constatent une recrudescence des arrestations visant les critiques du régime. Amnesty a relevé dans un communiqué que ces arrestations arbitraires traduisent une intensification des mesures répressives. La libération immédiate et sans condition des six jeunes militants est réclamée par les organisations de défense des droits humains, qui dénoncent également les restrictions à la liberté d’expression et à l’activisme politique dans le pays.
Manifestations d’opposants et persécution politique
Depuis plusieurs années, les manifestations d’opposants au régime sont régulièrement réprimées par les forces de sécurité camerounaises. En 2020, des centaines de partisans du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) avaient été arrêtés lors de manifestations pacifiques organisées par Maurice Kamto, principal rival du Président Paul Biya. Beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés sans procès pendant des mois, dans ce que les défenseurs des droits humains qualifient de persécution politique.
Les opposants dénoncent une dérive autoritaire, marquée par des arrestations arbitraires, des intimidations et une censure croissante des voix dissidentes. En dépit de l’interdiction quasi-systématique des manifestations publiques et des rassemblements, certains groupes d’opposition continuent de défier le pouvoir en organisant des actions clandestines pour dénoncer la gestion politique et réclamer des réformes. Cependant, ces initiatives sont souvent brutalement réprimées. Ce qui soulève des inquiétudes quant à l’espace de participation démocratique au Cameroun.
Poursuites et harcèlement des opposants
Les opposants politiques, notamment ceux affiliés au MRC, subissent une pression constante de la part des autorités. Maurice Kamto, après avoir contesté les résultats de la Présidentielle de 2018, avait été arrêté et détenu pendant près de neuf mois. Ses partisans continuent de subir des intimidations, avec des arrestations régulières et des poursuites judiciaires visant à affaiblir le mouvement.