A la frontière Cameroun-République Centrafricaine, des hommes armés venus de la Centrafrique voisine sèment la panique dans le territoire camerounais. Une situation qui inquiète les autorités administratives locales qui ont instauré des mesures sécuritaires spéciales.
A Garoua-Boulai (Cameroun),
En cette semaine sainte, il fait chaud, ce jeudi, à Garoua-Boulaï. Un bus de l’agence « Touristique », en provenance de N’Gaoundéré, chef-lieu de la région de l’Adamaoua vient d’accoster à la gare routière de la ville. Une sorte de hagard aux guichets, destinés à accueillir des voyageurs. Discrètement, Raoul, un sergent-chef du Bataillon d’Intervention Rapide (Bir) de l’armée camerounaise, paré, descend d’un gros porteur de soixante dix places. Arme au poing et ceintures de munitions en bandoulière, le sergent-chef pousse un ouf de soulagement ! Le jeune soldat vient d’achever sa mission : convoyer les passagers de la localité de Meiganga pour Garoua-Boulaï ; tout en assurant leur sécurité. Une distance de 97,0 km – environ 01h12mn de voyage en alerte maximale. Un trajet réputé, ces dernières semaines, par des multiples enlèvements et rapts orchestrés par des hommes lourdement armés venus de la Centrafrique.
Le 29 mars 2015, « plus d’une dizaine d’hommes armés ont enlevé huit personnes près de Garoua-Boulaï. Alertées, les populations munies de machettes sont sorties comme un seul homme et ont empêché les ravisseurs de s’enfuir », a confié, jeudi en mi-journée, au correspondant d’Afrik.com, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, le gouverneur de la région de l’Est Cameroun.
La MISCA en alerte !
Depuis dimanche, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), sous conduite africaine, a renforcé sa base à Garoua-Boulai (Cameroun), près de la frontière avec la République Centrafricaine. Sur l’esplanade de la sous-préfecture de la ville : Une demi-douzaine de chars d’assaut, des véhicules d’appuis et secours, des containers et quelques hommes sont stationnées, sous les regards inquiets des populations.
Garoua-Boulaï, cette zone frontalière entre le Cameroun et la République Centrafricaine, souffle le chaud et le froid. La ville est devenue extrêmement difficile et dangereuse à y vivre, depuis que les troupes de la Sangaris se sont retirées pour se redéployer à Bossangoa, où ils affrontaient des hommes armés anti-balaka. Aujourd’hui, c’est plus de 60 000 réfugiés centrafricains qui vivent dans les camps du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, au niveau du « pont bascule » et dans le « camp d’Arabie saoudite » à Thiomo, à deux kilomètres du centre ville de Garoua-Boulaï.
Lors d’un entretien exclusif accordé à Afrik.com, Lawrence Diyem, sous-préfet de la ville de Garoua-Boulaï, a indiqué qu’ « il y a une collaboration précaire entre les réfugiés centrafricains et les populations, depuis l’enlèvement, il y a quelques jours, de 17 Camerounais qui ont été emmenés en Centrafrique ».
Le sous-préfet a expliqué qu’ « il y a certains riverains qui ne veulent plus de réfugiés pour certaines raisons. Nous avons constaté qu’il y a des réfugiés qui causent beaucoup d’exactions auprès des populations. Il y a même certains réfugiés qui détiennent les armes dans les camps et qui causent une psychose au sein de certaines populations riveraines ».
Lawrence Diyem explique qu’« il y a quand même une collaboration entre ces populations riveraines et ces populations qui ont quitté leur pays en crise pour venir trouver leur quiétude ici ». Malgré tous les problèmes que causent les réfugiés centrafricains, ils sont acceptés par la population locale et vivent en paix. « Une paix précaire » , précise le sous-préfet de cette unité administrative.
Situation est préoccupante
« La situation est préoccupante à Garoua-Boulaï, selon ceux qui ne vivent pas ici », a déclaré Awalou Oumarou, secrétaire général du Camp des Réfugiés de Thiomo. Awalou a ajouté que « pour nous qui vivons la situation en direct, nous vous dirons que cette situation n’est pas tellement préoccupante. Il y a l’insécurité dans notre frontière mais causée par des brigands isolés. Et on a eu à les maitriser. C’est une insécurité bien maitrisée et bien contrôlée tant au niveau local qu’au niveau de la haute hiérarchique du pays ».
Depuis lundi dernier, les forces armées stationnées à la frontière ont accentué les mesures de contrôle. Le sous-préfet Lawrence Diyem a précisé à Afrik.com que « les nouvelles mesures visent à maitriser et contrôler la situation, et quand la paix reviendra, tout rentrera dans l’ordre ».