Assassinats, viols et braquages meublent le quotidien des mini-cités universitaires du Cameroun. Un phénomène qui prend de l’ampleur en l’absence d’une solution durable et contre lequel la communauté universitaire se mobilise.
Le 29 décembre 2011, le corps sans vie de Marie Stéphanie Nyobé, 21 ans, étudiante à l’université de Yaoundé II, est retrouvé en état de putréfaction avancée non loin de sa mini cité universitaire à Soa. Quelques mois plus tôt, c’est celui de Sandrine Mezolie, étudiante à l’université de Yaoundé I, qui était retrouvé dans sa chambre emballé dans une moustiquaire.
Il y a quelques jours encore, un quotidien de la place annonçait le chiffre de 50 filles violées au cours du seul mois de janvier 2012 à l’Université de Soa. Une recrudescence de viols et de vols à main armée également signalée à l’Université de Buea, rapporte le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. Dans la foulée, une sortie du Recteur de l’université de Yaoundé II, le professeur Jean Tabi Manga, tente de rassurer les étudiants : « Nous faisons ce que nous pouvons… En interne, nous avons mis sur pied une équipe de sécurité dénommée, « police campus », dirigée et formée par un ancien commissaire de police divisionnaire, elle veille à la sécurité à l’intérieur et extérieur du campus… », rassure t-il.
Un grand bidonville…
Les résidences universitaires au Cameroun ressemblent à un grand bidonville. Au lieu dit Cradat, principal lieu d’habitation des étudiants de l’université de Yaoundé I, les chambres estudiantines construites de façon anarchique sont sources d’insécurité. Cette disposition facilite les actes de criminalité. «A partir de 22 h, je ne peux plus faire un tour à l’extérieur, car tout est obscur. J’ai plusieurs copines qui se sont fait agresser… » raconte Michelle, jeune étudiante. Non loin des résidences au lieu dit « carrefour condom », poussent de hautes herbes ou de fumeurs de chanvre indien élisent domicile. Plus loin des joueurs de cartes dictent leur loi.
La précarité, source de maux divers
La misère en milieu estudiantin est une réalité. Il faut s’habituer au système D (débrouillardise) pour survivre, révèle Fabrice : « tous les mois, mes parents envoient 15000 fcfa, (environ 23euros ndlr) pour vivre pendant un mois, malheureusement cela ne suffit pas, car je dois faire des photocopies, faire des recherches et me nourrir. Pour survivre je dois me débrouiller au marché » conclut-il. Malheureusement, certains préfèrent prendre d’autres voies et se livrent à diverses agressions et autres pratiques.
Afin de venir à bout de l’insécurité, des viols et vols en tous genres, les étudiants se sont organisés en comité de vigilance dans les différences résidences universitaires, afin de jouer un rôle de police de proximité.