Midjiyawa Bakari, gouverneur de l’Extrême-Nord Cameroun où sévit depuis quelques mois le groupe terroriste Boko Haram, dresse le bilan de la situation sur le terrain.
De notre correspondant
Il a le profil d’un guerrier. A ses débuts, il fut greffier, porte d’entrée et de sortie du tribunal où se succèdent les litiges. Midjiyawa Bakari, gouverneur de l’Extrême-Nord Cameroun que Afrik.com a rencontré jeudi 9 avril 2015 à Maroua dans la capitale régionale de la localité, est un ancien préfet qui a su maintenir l’organisation dans le Mayo-Rey ; un « département- cimentière » des droits de l’Homme, selon les rapports des organisations de défense des droits de l’Homme. A son tout premier poste de gouverneur, l’homme a fait reculer l’insécurité et la culture du chanvre à l’Ouest Cameroun. Le 4 juin 2014, il s’est vu confier l’exécution du plan de guerre du Cameroun contre Boko Haram…, alors qu’il était en visite de terrain dans les ruines de la société de développement de la riziculture, dans la plaine des Mbos (SODERIM). Avec un accent arabophone, un ton autoritaire, Midjiyawa Bakari révèle que : « ce sont les riziculteurs qui m’ont informé que je venais d’être muté par le Président Paul Biya ici à l’Extrême-Nord, région où la secte Boko Haram commençait déjà à monter en puissance et à faire des victimes ».
Au commencement étaient…
Dès ses premiers jours comme gouverneur à Maroua, Midjiyawa Bakari multiplie des décisions draconiennes. Suite à l’attaque perpétrée par la secte à Zigague, dans le Logone et Chari, le gouverneur prend deux arrêtés, le 7 aout 2014 : « La circulation des véhicules dès 18 heures est systématiquement interdite sur tous les axes routiers reliant les centres urbains de la région de l’Extrême-Nord ». Les patrouilles mixtes sont instaurées. Les populations commencent à respirer la paix…Mais hélas, une paix éphémère. Quelques semaines plus tard, des attaques se succèdent, se multiplient. L’ennemi a infiltré le territoire, au même titre que la misère. Le gouverneur va d’urgence en urgence…Renforcement du dispositif sécuritaire. Réarmement moral des populations. Mobilisation des leaders politiques et religieux, etc.
Onze mois plus tard…Boko haram a faim
Sur ses 1m85, drapé de son tergal gris et de ses attributs d’administrateur civil principal hors échelle, Midjiyawa Bakari, assis dans son fauteuil de commandeur, parle avec assurance : « Boko Haram a faim. Ses membres sont pratiquement en débandade. Ce groupe terroriste est démobilisé. Ses incursions au Cameroun, ces derniers temps, visent à effectuer leur ravitaillement en termes de bétail et autres aliments. Ils arrivent maintenant pour casser quelques magasins et détruire ou emporter des béliers. Mais là, c’est beaucoup plus dans des zones difficiles d’accès. En fait, ce ne sont pas des attaques en temps que tel, il s’agit juste d’incursions visant à se ravitailler ».
« La peur a changé de camp »
L’opinion camerounaise penche de plus en plus vers l’espoir. L’espoir d’une victoire très prochaine de la guerre contre Boko Haram. Sur le terrain, « les forces armées camerounaises restent engagées, déterminées. Très bientôt, la page de Boko Haram sera tournée ! La peur a changé de camp. Boko haram a perdu de sa verve dans l’Extrême-Nord Cameroun », confie, d’un ton rassuré, Midjiyawa Bakari.
Un train de la solidarité nationale s’est ébranlé pour booster les forces de sécurité au front contre le groupe terroriste, dans l’Extrême-Nord Cameroun. De l’eau potable, des aliments,… arrivent des quatre coins du triangle national. Actuellement, c’est plus de 2 000 familles qui sont sans abris. Plus de 10 000 jeunes n’ont pas pu retourner à l’école et le nombre de veuves et orphelins augmente chaque jour.