Selon un rapport d’Amnesty International publié ce mercredi, Boko Haram aurait tué 400 civils dans l’Extrême-Nord du Cameroun depuis 2014.
Le groupe terroriste nigérian Boko Haram ne tue pas en masse qu’au nord du Nigeria, mais également au Cameroun. Selon un rapport d’Amnesty International, l’organisation armée dirigée par Abubakar Shekau depuis 2009 a massacré « près de 400 civils dans le nord du Cameroun depuis 2014 », provoquant une « réaction brutale des forces de sécurité camerounaises qui ont tué des dizaines de civils ».
L’organisation précise, dans son rapport présenté au cours d’une conférence de presse à Yaoundé, qu’à « Amchidé, dans l’Extrême-Nord, ville frontalière du Nigeria, des centaines, voire un millier de combattants de Boko Haram, ont attaqué le village, le 15 octobre 2014, faisant au moins 30 victimes civiles, dont des personnes accusées de collaborer avec les autorités de l’Etat ». Le 17 avril 2015, plus de 100 combattants de Boko Haram ont pris d’assaut la ville de Bia, dans l’Extrême-Nord, tuant 16 civils, dont deux enfants.
Selon Amnesty International, « quartier après quartier, ils ont tué des gens et tout brûlé (150 maisons) ». D’après l’ONG, « Boko Haram abat, brûle ou égorge au cours de ses attaques. En réponse, les forces de sécurité camerounaises ont attaqué des villages, détruisant des maisons, tuant des civils et arrêtant plus de 1 000 suspects, dont certains n’étaient âgés que de 5 ans ». De son côté, Alioune Tine, directeur pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest à Amnesty International, a tenu à rappeler que « des événements graves, notamment la mort de 25 personnes en garde à vue, n’ont donné lieu à aucune enquête sérieuse, et on est toujours sans nouvelles de plus de 130 personnes. Il ne faut pas, en combattant Boko Haram, violer les droits des civils innocents. Il faut le faire avec discernement et professionnalisme ».
Après le nord du Nigeria, l’Extrême-Nord du Cameroun est aussi en proie aux attaques régulières de Boko Haram depuis deux ans. Les autorités camerounaises ont déployé des troupes pour combattre le groupe armé auprès de l’armée nigériane mais aussi du Tchad et du Niger. Depuis 2009, Boko Haram a fait plus de 15 000 et poussé plus de 2 millions de personnes à se déplacer.