Cameroun : assassinat d’une figure majeure de la cause homosexuelle


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Eric Lembembe, militant homosexuel les plus en vue au Cameroun a été sauvagement assassiné. Son corps a été retrouvé, ce lundi par ses amis. Les conséquences de sa mort ne sont pas encore connues. S’agit-il d’un crime homophobe ?

Le corps sans vie d’Eric Lembembe a été retrouvé, ce lundi, à son domicile, à Yaoundé, la capitale camerounaise. Il a vraisemblablement été victime d’un acte de torture, car ses membres ont été brisés, son visage et ses mains brûles avec un fer à repasser. Ce drame survient quelque semaines après qu’il ait lancé un avertissement public sur la menace posée par les « voyous anti-gays ». De plus, il avait reçu de nombreuses menaces de mort ces dernières semaines, en couvrant les événements survenus à l’encontre des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels du Cameroun (LGBT), pour le journal en ligne Erasing 76 Crimes.

Sa collaboratrice au sein de l’ONG Human Right Watch, Neela Ghoshel, a souhaité lui rendre hommage en déclarant que « c’était un homme plein d’énergie et pas mal de courage, parce que pour faire ce genre de travail au Cameroun, on prend des risques ». Son témoignage en dit long sur la situation qui prévaut au Cameroun à l’égard des homosexuels, mais également à l’encontre des défenseurs des homosexuels.

Récurrentes agressions des homosexuels

Ces dernières semaines au Cameroun, les homosexuels ainsi que leurs défenseurs sont victimes d’agressions homophobes. Ainsi, plusieurs institutions et organisations ont vu leurs locaux se faire cambrioler ou encore incendier. C’est le cas du cabinet de Maître Togué, avocat qui défend les LBGT, qui a été cambriolé le 16 juin dernier. Les cambrioleurs lui ont subtilisé les dossiers en cours d’instruction. Quelques jours plus tard, ce sont les locaux de la plus ancienne association identitaire de lutte contre le Sida, «Alternatives Cameroun», qui étaient incendiés. L’incendie a détruit les ordinateurs, les dossiers médicaux de ce centre de santé principalement fréquenté par les homosexuels. Des menaces de mort ont également été faites à l’encontre de Maître Togué et Alice Nkom par mail et par sms, y compris les menaces de tuer leurs enfants. Les coupables de ces agressions, en dépit de dépôts de plaintes, ne sont toujours pas identifiés.

Indifférence des autorités camerounaises

Cette vague de violence à l’égard des homosexuels ne semble pas préoccuper pas les autorités camerounaises qui n’ont jusqu’ici condamné publiquement aucun de ces actes. Le réseau Africagay contre le Sida s’insurge contre l’attitude des autorités en les exhortant de mettre un terme à cette série de violences. Selon ce réseau, le seul moyen de mettre fin à cette vague de violences envers les homosexuels est de mener de véritables enquêtes, afin de traduire en justice les auteurs de ces crimes.

Peut-être que la menace ferme des Etats-Unis et de l’Union européenne de suspendre l’aide octroyée aux pays qui ne parviennent pas à abroger la législation qui interdit les actes homosexuels, pourra faire changer d’avis aux autorités camerounaises. Pour l’heure, elles ont décidé de fermer les yeux sur ces exactions et de faire la sourde-oreille quant aux cris de détresse des homosexuels.

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