Cameroun : « Appelez-moi Sénateur ! »


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Les conseillers municipaux ont élu dimanche 14 avril, les premiers sénateurs du Cameroun. A quelques heures de la proclamation des résultats par Elecam, l’une des préoccupations de nombreux hommes de médias n’est pas uniquement celle de savoir quelle liste passera, mais c’est davantage celle de savoir, comment vont-ils les appeler, dans un pays ou un culte spécial est fait aux titres.

De notre correspondant, à Yaoundé

Les conseillers municipaux, reconvertis en grands électeurs ont écrit dimanche une nouvelle page de la jeune démocratie camerounaise. Ces derniers ont en effet élu 70% des sénateurs qui composeront la chambre haute du Parlement. 30% seront nommés par le président de la République, en conformité avec la loi fondamentale du pays.

Bien qu’ une large victoire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) parti au pouvoir , soit logiquement attendue, c’est l’adjectif qualificatif pour les caractériser qui est la préoccupation principale des hommes de médias. Si on parvient aisément à servir un « honorable » à un député, il est d’avantage plus difficile d’en faire autant pour un sénateur dans un pays, ou l’on est jaloux de son titre.

« Un culte au titre»

Pour Gervais Bleim, journaliste politique, cela ne sera pas aisé pour les interviews : « Au Cameroun, lorsqu’on accède à un poste de responsabilité l’intéressé tient à ce qu’on lui serve pleinement son titre ; Monsieur le ministre, Directeur, Honorable, Docteur,…mais aujourd’hui,… il sera d’avantage plus difficile de le faire avec les sénateurs…….Vous n’allez pas quand même dire, Monsieur ou madame le sénateur plusieurs fois au cours des échanges… », s’inquiète t-il. Même son de cloche chez Lydienne Akonga, femme de média qui pour contourner la question à décider de leur servir « des vénérables » dans ces article pour marquer la différence. « J’ai décidé de m’inspirer de ce qui se fait ailleurs, pour donner un qualificatif aux sénateurs qui devront désormais faire parti du paysage politique de notre pays. »

Le titre dans la société camerounaise est un signe de prestige et de réussite sociale. Il n’est pas rare d’entendre un homme de média dire en plein émission « Excellence Mr. le sous préfet ou alors, Excellence Mr. le pasteur ». Au Cameroun, c’est même un crime de lèse majesté que de ne pas servir un titre à une autorité même quand elle ne le mérite pas. Cette tendance devrait donc se poursuivre avec l’arrivée d’une nouvelle classe de privilégiés. Ils ne refuseraient certainement pas qu’on leur serve le titre de « vénérable » pour imiter le système anglo-saxon, mais surtout pour marquer la différence avec les « honorables députés ».

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