Il ne se passe plus un jour sans qu’on enregistre des morts dans les affrontements opposant les Arabes choas aux Mousgoums, tous issus de l’arrondissement du Logone-Birni, département du Logone et Chari, région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Tenez ! Le déclencheur de ces affrontements sanglants, vous pourrez vous en douter, n’est autre qu’une dispute entre un éleveur et un pêcheur dans le village Kargama. Des villages irrigués par des affluents des fleuves Logone et Chari. D’après plusieurs sources locales, l’éleveur serait venu faire paître son bétail sur un piège à poissons posé par un pêcheur. D’où la colère de ce dernier qui s’en est pris à l’autre. L’étincelle a embrasé d’abord les villages Kargama et Maham, puis les autres villages environnants.
La tension est montée le 16 août 2021, après que les Mousgoum ont érigé des canaux de pêche dans une zone utilisée par les Arabes Choas pour faire paître leur bétail. Il s’en est suivi une bagarre générale à coups de machettes, de bâtons et de flèches.
« C’est un phénomène récurrent ici dans le Logone et Chari, en saison des pluies. Le conflit est né de l’exploitation par une partie, d’une parcelle de terrain litigieux. En saison sèche, les terres sont asséchées, ce qui fait qu’à ce moment-là, les gens ne se préoccupent pas du sol, parce qu’il n’y pas grand-chose à faire. Lorsque surviennent les pluies, les populations se lancent dans l’agriculture et ont souvent tendance à empiéter sur les terres d’autres villages », déclare Amadou, refugié ayant fui les combats.
« Le calme va-t-il s’installer dans notre localité, quand le gouvernement promet la modernisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, mais ne réalise pas ? Combien de morts faut-il, pour que les autorités se penchent sur ce dossier, qui n’a que trop duré ? Je supplie mes frères et sœurs, d’enterrer la hache de la discorde et de s’accepter les uns et les autres pour une paix durable », a-t-il conclu.
De sources concordantes, les affrontements violents survenus le 8 décembre 2021, entre Arabes Choas et Mousgoums ont fait 28 morts, au moins 74 blessés, 25 villages incendiés et plus de 10 000 déplacés vers le Tchad voisin. D’où l’appel lancé par le Président tchadien à ses compatriotes, de réserver un accueil le plus chaleureux aux réfugiés et aussi à la cessation immédiate des violences.