«Construire des infrastructures pétrolières et gazières pour mettre fin à la pauvreté énergétique en Afrique centrale d’ici 2030». C’est le thème qui a servi de fil conducteur de la 2ème édition du Central africa business energy forum (CABEF), tenue du 8 au 9 septembre 2022 à Douala, capitale économique du Cameroun.
Les pays membres de la CEEAC veulent réduire la fracture énergétique afin de booster leur croissance par une mutualisation de leur politique dans ce domaine. D’où la présence des acteurs, chercheurs et des ministres en charge des questions énergétiques de plusieurs pays, à ces deux jours de travaux intenses, ouverts par le ministre camerounais des mines, de l’industrie et du développement technologique Gabriel Dodo Ndoke, représentant le Premier ministre.
Opportunités pour créer des relations d’affaires solides et durables
Dans un contexte lié à la crise énergétique qui freine la croissance, tous appellent à la mise en place d’un tissu industriel performant à cause de la vétusté des infrastructures existantes et du faible niveau des investissements. Le CABEF (Central africa business energy forum), pour ne pas le nommer, est une plateforme de rencontre pour la sous-région Afrique centrale qui englobe désormais tous les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et les pays voisins, avec pour objectif de développer l’industrie énergétique régionale et l’établissement de relations public-privées.
Cette grande plateforme offre des opportunités inégalées pour créer des relations d’affaires solides et durables, des accords, des collaborations, des partenariats, des partages d’idées, et elle permet aussi d’apprendre les uns des autres précisément les bonnes pratiques. A cet égard, considérant le contexte énergétique mondial dû à la guerre en Ukraine et les enjeux qui y prévalent, il est impératif, voire indispensable que les parties prenantes se mettent ensemble pour saisir l’opportunité ainsi offerte, et trouver les solutions techniques et pratiques au problème d’approvisionnement en produits énergétiques.
Tout mettre en œuvre pour pérenniser la production d’énergies fossiles
Ainsi, compte tenu du contexte international susmentionné et dans la perspective de la tenue de cette deuxième édition du CABEF 2022, le Forum est donc parti du constat satisfaisant que l’Afrique pourrait, dans un proche avenir, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), devenir le continent le plus dynamique dans le domaine énergétique. En effet, l’énergie se trouve au cœur de deux aspects fondamentaux de l’avenir de l’Afrique : le développement économique et social, d’une part, et le changement climatique, d’autre part. L’Afrique est riche en sources d’énergie, fournissant environ 19% de la production mondiale de combustibles fossiles.
La vision des organisateurs du Forum des Affaires et de l’Energie en Afrique Centrale (CABEF en français), pour assurer la survie de la région tout entière, est donc de tout mettre en œuvre pour pérenniser la production des énergies fossiles, dont regorge l’Afrique centrale en formant un bloc compact, face à certains partenaires occidentaux qui veulent forcer les pays concernés à abandonner le développement des gisements déjà répertoriés et en cours d’exploitation pour mettre en place leurs politiques de transition énergétique qui ne sont pas pertinentes ni nécessaires pour la région en l’état actuel des choses et surtout des moyens financiers et technologiques dont ils disposent concrètement.
«2022 est pour la CEMAC une année pour agir ou pour mourir»
Pour illustrer cette situation gravissime et urgente pour l’Afrique centrale, il est bon à ce stade de se référer au discours très édifiant du ministre du Pétrole de la Guinée Equatoriale, Gabriel Mbaga Obiang Lima, prononcé à Brazzaville (Congo), en novembre 2021, au cours de la toute première édition du CEMAC Energy Business Forum et qui avait alors déclaré en substance : «Les ressources naturelles que la providence divine nous a données sont en danger (pétrole, gaz, minéraux), elles sont en danger à cause d’une nouvelle initiative internationale nous obligeant à convertir totalement notre énergie vers une nouvelle transition énergétique, et cela essentiellement pour lutter contre le changement climatique, pourtant nous avons été le moins responsables de sa survenance, mais ils nous demandent de payer le plus grand prix en abandonnant une fois de plus nos ressources naturelles qui sont un don de Dieu. Dans le même temps, ces institutions financières et initiatives internationales nous refusent les financements pour la poursuite du développement de nos ressources naturelles, mais permettent à ces pays industrialisés de poursuivre l’exploitation et l’investissement de leurs ressources dans leur propre pays. C’est pour cela Excellences que 2022 pour la CEMAC, est une année pour agir ou pour mourir. Quelle est la solution ? La solution est ce que nous sommes en train de faire ici, nous travaillons ensemble, nous collaborons ; nous partageons notre expérience pour apprendre d’une industrie qui peut relever notre économie, notre peuple et nos pays respectifs».
L’insuffisance d’infrastructures, une cause du manque d’investissements
Au demeurant, l’Afrique a le potentiel de construire un nouveau modèle de développement écologique adapté à ses besoins et à ses réalités ; pour que cela soit possible, des travaux d’infrastructure considérables sont néanmoins nécessaires. Les investissements dans les infrastructures énergétiques ont des effets radicaux sur tous les aspects de la société : ils peuvent contribuer à améliorer de manière décisive, les performances des activités industrielles et agricoles, ainsi qu’à généraliser l’accès à l’éducation, aux nouvelles technologies et à de meilleurs soins de santé.
L’insuffisance des infrastructures énergétiques est systématiquement pointée du doigt comme l’une des principales causes du manque d’investissements dans les secteurs industriels, mais la mise en œuvre de projets d’infrastructures énergétiques a également accentué le fléau de la corruption. L’intérêt manifesté par les pays du BRIC, la Chine et l’Inde en particulier, pour l’investissement dans le secteur énergétique africain, démontre clairement les opportunités économiques offertes par le développement de ce secteur : entre 2010 et 2015, les investissements de la Chine dans le secteur énergétique de l’Afrique subsaharienne se sont élevés à environ treize milliards de dollars, soit un cinquième du total des investissements dans ce secteur dans la région.
Toutefois, l’investissement dans le secteur de l’énergie en Afrique n’a rien d’une nouvelle tendance : au contraire, l’histoire coloniale montre que les investissements européens ont dès le départ été importants dans le secteur de l’énergie en Afrique, sans pour autant contribuer significativement au développement social et économique général du continent.
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