Cameroun : 188 églises de réveil fermées


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Les autorités camerounaises ont ordonné la fermeture de 188 églises de réveil dans la capitale, invoquant des nuisances sonores et des pratiques douteuses. Officiellement, cette décision s’inscrit dans une volonté d’assainir un secteur en pleine expansion, souvent en marge de la réglementation. 

Les autorités camerounaises ont récemment procédé à la fermeture de 188 églises de réveil à Yaoundé. Officiellement, cette décision vise à lutter contre les nuisances sonores et l’extorsion des fidèles. Le ministre de l’Administration territoriale (MINAT), Paul Atanga Nji, a réitéré la volonté du gouvernement d’assainir le secteur, dénonçant des pratiques douteuses et un non-respect des réglementations en vigueur. Cette mesure fait suite à un avertissement lancé en décembre 2024, après des enquêtes ayant révélé une prolifération inquiétante de ces lieux de culte.

Une croissance exponentielle des églises nouvelles

Avec plus de trois millions de fidèles sur une population de 28,3 millions d’habitants, les églises de réveil occupent une place importante au Cameroun. Le pays a connu un essor considérable de ces mouvements religieux depuis les années 1990, en raison des crises économiques successives. Face à ce développement, les autorités avaient déjà tenté d’encadrer le phénomène en 2008, en reconnaissant obligatoirement 81 institutions religieuses. Pourtant, de nombreuses églises continuent de s’installer de manière informelle, souvent sans autorisation légale.

Si certains Camerounais, notamment les riverains, saluent cette action contre les nuisances sonores, d’autres dénoncent une atteinte à la liberté de culte. Des pasteurs, comme Didier Ahanda, dont l’église a été scellée, expriment leur incompréhension face à cette mesure brutale. « L’État s’attaque à l’église comme si elle était responsable de tous les problèmes du Cameroun », s’indigne-t-il. De leur côté, certains dirigeants religieux dénoncent une injustice, estimant que d’autres structures, comme les bars, ne subissent pas le même acharnement, alors qu’ils génèrent également du bruit.

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Une réglementation en question

Le débat sur la légalité des églises nouvelles soulève une autre problématique : celle de l’obtention des autorisations. Depuis 1998, aucune demande de reconnaissance officielle n’a abouti, selon certains observateurs. Cette situation pousse donc ces églises à opérer dans l’illégalité, malgré une forte demande spirituelle. Pendant ce temps, l’Église catholique et d’autres mouvements religieux reconnus continuent leurs activités sans entraves.

Le gouvernement camerounais semble déterminé à poursuivre son offensive contre les lieux de culte jugés illégaux. Après Yaoundé, d’autres villes pourraient être concernées par cette vague de fermetures. Reste à savoir si ces actions pourront réellement réguler le secteur religieux ou si elles ne feront qu’alimenter les tensions entre les autorités et les dirigeants spirituels.

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