Les Mauritaniens ont voté dimanche 11 mars 2007 pour élire un successeur au Colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui a exclu qu’un membre de la junte au pouvoir soit candidat.
Rarement scrutin présidentiel aura été plus ouvert, dans toutes les démocraties du monde. Lorsqu’une équipe au pouvoir s’efface, c’est souvent en préparant la succession, ou parce qu’elle se trouve poussée dehors à son corps défendant.
L’histoire retiendra au contraire le comportement du Colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui après avoir pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat dirigé contre le président Ould Taya, a précisément tenu la parole qu’il avait alors donnée (et qui avait été, avouons-le, accueillie avec une certain scepticisme) de se retirer rapidement après avoir organisé les conditions d’une mise en place démocratique d’une nouvelle équipe.
En pratique, ces conditions ont été réunies, c’est-à-dire que des personnalités ont pu apparaître ou réapparaître, capables d’exposer une vision pour la Mauritanie, des solutions pour remédier à certains maux anciens ou structurels, et qu’un réel débat a pu s’instaurer, de manière équitable, entre les différentes orientations politiques proposées. Même si l’abondance même des candidats, au nombre de 19, risque de fausser dans un premier temps une lecture « politique » du scrutin…
A l’évidence, les débats civiques sont également, en Mauritanie, mêlés de considérations tribales et de fidélités quasi féodales, mais cette fois, ils ont été l’occasion aussi d’affronter sans faux-semblants les problèmes contemporains de la Mauritanie et les démons hérités de son passé, comme le servage, et à tout le moins l’inégalité raciale dont sont victimes les noirs, au sein de la société mauritanienne…
L’histoire retiendra enfin que ce premier tour, dont on devrait connaître quelques résultats au moins partiels dans la journée de lundi, s’est remarquablement bien passé, dans la transparence, dans l’ordre, dans l’affluence. Une leçon de démocratie?
NB : Pour une analyse générale des enjeux du scrutin…