« Call box », ce violeur d’intimité


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Le « call box », est un nouveau phénomène de mode au Cameroun. Depuis quelques années, les abords des rue des grandes villes de Yaoundé et de Douala sont envahis par des « call box » : des lieux permettant de passer des appels à partir de téléphones portables.

Notre correspondante au Cameroun

Interdits à leur début, dans les années 2000, par la Communauté urbaine de Yaoundé pour occupation anarchique de la voie publique, les « call box » ont fini par s’imposer et ont ravi la vedette aux véritables cabines téléphoniques d’antan, plus discrètes. Hommes et femmes s’installent sur des bancs et tables de fortune. Ils se protègent des intempéries par des parasols ayant des écriteaux sur lesquels on peut lire : « call box, 100 FCFA de 0 à 59s » ou « transfert de crédit Mtn- Orange » ou encore « vente carte : Mtn-Orange-Camtel », les trois sociétés de téléphonie mobile du Cameroun.

Vendeurs ingénieux, intimité violée

callbox1.jpgCertains « call boxeurs » – c’est ainsi qu’on appelle les propriétaires de ces espaces – ont la patience d’attendre les clients sur place. D’autres, par contre, plus ingénieux, accrochent l’écriteau sur leur poitrine où on peut lire « call box : ici 100F, de 0 à 59 s ».

Le phénomène prend de l’ampleur et rend de nombreux services aux usagers. On peut transférer un crédit, acheter une carte ou tout simplement passer un appel. Le problème, c’est le viol d’intimité. L’appel se fait en plein air devant le propriétaire du téléphone qui veille sur son appareil et qui « écoute» la conversation, un peu malgré lui. Plus de secret. Aucune intimité.

Martin a l’air vraiment embêté par la question de savoir ce qu’il pense du « call box » et de son rapport avec l’intimité. « Moi j’ai souvent pensé à cela. D’ailleurs, je vais toujours loin de mon quartier pour passer mes appels sur « call box ». Quand le propriétaire du « call box » est un voisin de quartier, alors il écoute tout ce qu’on dit. Ce n’est pas discret et encore moins rassurant. On a des secrets qu’on n’aimerait pas que les voisins apprennent. Chacun a sa vie, son petit jardin secret, mais avec le « call box », parfois, c’est difficile », déclare Martin.

Propriétaire de « call box », Renée est catégorique : « avec le call box, on n’a aucun secret, aucune intimité. Moi j’écoute des conversations impensables. Et je vous assure que quand je connais la personne, mon idée sur elle peut changer après l’écoute de son échange téléphonique. Certains s’éloignent souvent des oreilles indiscrètes, mais ils ne peuvent pas aller bien loin, parce que je veille sur mon téléphone. Si on veut vraiment protéger son intimité, je pense que la solution est le transfert de crédit.»

De bonnes affaires pour « call boxeurs » et clients

callbox2.jpgPourtant, ils sont nombreux ceux qui ne jurent que par le « call box ». « Avec le call box, je peux limiter ma consommation en téléphone. Quand je mets du crédit dans mon téléphone, je le dépense rapidement car je suis tentée d’appeler même pour des futilités », avoue Virginie, une étudiante. Et le viol d’intimité ne semble pas être un problème pour elle. Elle n’est pas seule dans son cas. Certains sont d’avis que le « call box » viole leur intimité, mais en partie seulement, car ceux qui écoutent ne connaissent pas leur interlocuteur. D’autres, comme Clément, estiment que c’est une action dégradante compte tenu de leur rang social. Quoiqu’il en soit, les Camerounais semblent trouver leur compte dans ce système.

Selon les « call-boxeurs », pour un « call box » qui fonctionne bien et qui a un bel emplacement, les recettes journalières permettent de faire un bénéfice de 2 500 Fcfa pour une recharge de 10 000 Fcfa. Les périodes de fêtes sont les plus fructueuses.

L’autre avantage des « call box » est la possibilité de faire l’appel à crédit auprès du « call boxeur » du coin ou chez le collègue propriétaire de « call box »; ou encore d’avoir des transferts de crédits que l’on paie à la fin du mois, après le virement des salaires.

Des voix s’élèvent déjà au sujet de ces « call box » qui bénéficient d’une grille tarifaire abordable, contrairement au tarif pratiqué chez les particuliers par les entreprises de téléphonie mobile.

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